Monseigneur,
Je me sens fort obligé par la faveur que vostre Seigneurie me faict en m'advertissant du voyage qu'elle est resolu de faire pour aller en Angleterre. Je ne doubte nullement que cela ne reussira à vostre honneur et au bien de nostre pays. Pour moy je ne vous veux prier autre chose que seulement qu'il vous plaise si bien ailleurs qu'icy porter avecques vous la
105
bonne affection que tousjours m'avez tesmoignée. Je ne failliray pas de faire tout ce qui me sera possible pour vous venir baiser les mains avant vostre partement. Cependant j'ay donné d'advis à monsieur Paew de vostre venue à Amsterdam. De luy vous apprendrez la constitution des affaires des Indes.2 Selon mon advis vous feriez fort bien de sonder en Angleterre les humeurs de voz marchands, assavoir s'ils sont resolus à bon escient d'entrer avecq nous d'oresnavant en une guerre royale et ouverte en ces quartiers-là. Estant en Angleterre, je n'y ay trouvé personne qui se monstroit resolue comme il falloit, mais on ne parloit que d'y aller en forme de simple trafficque, ou pour le plus de surprendre quelques navires sans se fortifier en terre ou d'entreprendre la defense des Indiens. Quand ceste resolution sera prinse en Angleterre, je croy qu'on trouvera quelque honneste et equitable issue pour les fraix passez. Je croy qu'en peu de temps il y aura assemblée des Dix-sept qui gouvernent la Compaignie Generale. Avant qu'elle se tiene je n'en sçaurois juger solidement de ce que les nostres voudroyent faire pour accommoder le different.J'ay esté fort marry à cause du malheur de nostre Baudius.3 J'espere que Dieu le soulagera et luy donnera mentem sanam in corpore sano.4 Je me recommande bien humblement à vostre Seigneurie,
vostre plus humble serviteur,
H. de Groot.
XIII Augusti.
Adres: A messire/messire Rodolph Wynwod, chevalier (et) ambassadeur de sa Majesté de la Grand' Bretagne vers messieurs les Estats-Generaux.
In dorso staat in een onbekende hand: Hugo de Groot s[cripsit] 1613.