Monsieur, si je voudroy vous tégmoigner la joie que vostre miraculeuse et du tout Divine délivrance m'a causé, et cela selon l'abondance de mon coeur, plusieurs feuilles de papier ne seroient suffisantes à cest office, et je sçay bien que m'en croyes bien sans ancun long discours, comme aussi que m'excuseres volontiers, que ne cédant en affection envers vous à homme vivant, néantmoins je n'ay esté entre les premiers à vous congratuler avec mes propres lettres, me persuadant que selon vostre bon jugement sçaures facilement comprendre la cause de mon silence, laquelle est rompue par la commodité qui s'offre pour addresser ce mot. Je seray fort aise un bon et fidel moyen s'offrant d'estre par vous instruit de ce que jugeres que je dois sçavoir. Vous priant cependant d'avoir soin de vostre santé, pour laquelle je ne manqueray de prier Dieu journlement comme j'ay fait pour vostre délivrance depuis le malheureux 29 d'Aoust. Je me recommande à vos bonnes graces, et pour conclusion vous fais resouvenir de ne vous fier à toutes compagnies, ny d'aller mal accompagné aux lieux escartes ou maisons douteuses, car il y a là où vous estes un des plus infidels et ingrats frères que la terre porte, du nom de Longolius2. Je vous prie avec occasion de me ramentevoir aux bonnes graces et à la souvenance des gens vertueux et qui honorent la mémoire de gens de bien. Vale spes unica patriae admodum afflictae. 29 Iunii 1621.
Vostre très affectionné et intime amy pour vous
servir duquel cognoisses le nom et le coeur.
Celle3 qui vous consignera la présente vous informera aussi de mon estat et affaires.