Monsieur,
Vostre lettre du 16/26 juillet2 m'a esté rendue il y a trois iours par laquelle i'ay apprins beaucoup de bonnes particularitez que ie ne sçavais pas, dont ie vous demeure très obligé, et en récompense ne manqueray de vous mander des nouvelles du Pays Bas, n'estoit que les lettres que nous attendons de ces quartiers fussent retenues en Brabant ce que nous cause icy une grande ignorance des affaires en ces quartiers-là.
Le bruit est que mons. le prince d'Orange3 assiège Rurmond, et que l'armée françoise cerche les gens de Picolomini4 et d'Isolano5 pour les battre, si desià ne les ont batu ce que quelques-uns y adioustent.
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De monseigneur le grand chancelier6 ie n'ay rien eu non plus depuis son partement d'Hambourg et croys que ces lettres puisque elles passent par le Brabant ont encouru la mesme fortune que les autres. Monsieur de Chaime7 du costé de Picardie est entré dans les pays de Cambrai.
De Brasil nous apprenons que les Hollandois y font de grands progrès, les Espagnols ayant abandonné quelques places d'importance.
Les lettres du duc de Rohan8 du quartiesme juillet du Camp à Tiran portent qu'il avoit obtenu une seconde victoire contre les impériaux9, lesquels s'estants venus loger avec toute leur armée à Mazzo ledit duc les attaqua le troisiesme de matin, et les desfit à plaste cousture les ayant poursuivi iusques par de la bondrie. Il en avoit près de mille prisonniers, et il y avoit beaucoup de tuer et dévoyer et le reste tellement esparpillé dans les montagnes que de cinq à six mille hommes qu'ils estoyent ils ne s'en est pas retiré cinq ou six cent du costé de Bormio. Lettres plus récentes adioustent que ledit Bormio estoit abandonné par les impériaux qui s'estoyent retirez à la vallée de Monster et qu'une autre nouvelle armée des dits impériaux se faict à Lindau; que le duc de Rohan avoit une armée de dix mille hommes combatans et fist un nouveau fort auprès Tiran.
Quand nous aurons autres nouvelles ie ne manqueray pas de vous en donner part. Nous sommes en peine pour Mayence.
Je demeure, monsieur, vostre serviteur très humble.
2 d'aoust n. st. 1635 Paris.