Monsieur,
J'ay envoyé vostre lettre du 29 Juillet à monseigneur le grand chancellier2 par une occasion très bonne du receveur de Benfeld3 qui partoit d'icy vers ces quartiers. J'eusse bien désiré d'en pouvoir faire autant de celle à monsieur Broersoon4, mais à nostre grand regret et de tous ses amis il est mort en nostre logis là où monsieur le grand chancellier l'avoit laissé fort malade.
J'espère que vous aurez receu la lettre du roy5 et qu'elle vous fera avoir l'effect désiré.
Le roy est parti d'icy à Monceaux, de là à Chasteau Thierry et ira, comme on croit, plus avant pour donner courage à la noblesse qu'il a faict venir de diverses provinces en Champaigne pour l'opposer aux grands progrès que le duc Charles6 faict en Lorraine par des combats et par la prinse des petites villes, cependant que le cardinal de la Valette7 et le duc Bernhard8 tiennent Gallas9 presque enfermé dans Worms.
Au Pays Bas on a mis ordre par les deux armées que l'ennemi, du fort de Schenck10 par luy ne puisse faire de progrès dans la Betuwe, et attaque on ledit fort par canons et grenades.
Nous n'avons rien de certain de la guerre ou tresve avec Poulogne11 mais la France et les Provinces Unies, addoucies par la prudence de monsieur le chancellier en rabbatant quelque chose du péage de Prusse, travaillent fort afin que la couronne de Suède ait du contentement. Ce qu'estant i'espère que les nostres pourront agir vigoureusement, selon leur coustume, pour le bien général des alliez.
Le roy envoye monsieur du St. Chaumont12 pour encourager les princes de ces quartiers-là et disposer aussi là le roy de Danemarc13 à quelque bonne correspondence avec eux.
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En apprenant des particularitez plus amples ie ne manqueray, monsieur, à vous en donner part, le recommendant cependant à la divine guarde.
Vostre très humble serviteur.
Le 28 d'aoust nouveau styl. 1635.
A Paris.