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Monsieur,
Pour nouvelles nous avons la mort du marquis d'Aytona2 qui console les Hollandois de la perte du fort de Schenck3 et de cent trente bateaux des pescheurs mis à fond par les Dunquercois. Il est certain, que c'a esté un grand ministre d'Espagne, qui a montré sa prudence aussi bien en la conduitte des affaires d'estat qu'en ceux de la guerre.
Le roy4 est parti de Monceaux vers Châlon pour opposer son nom et les forces de sa noblesse aux grands progrès du duc de Lorraine5.
Nous attendons les effects du landgrave de Hessen6, à laquelle le cardinal de la Valette7 se dit vouloir ioindre. Le secours donné à la ville de Hanau fera que la possession de Francfort ne sera pas assez sécure pour le roy d'Hongrie8 pour s'y faire couronner comme on dit qu'il prétend. La ville de Strasburg tient bon, et ne veut pas suivre les exemples d'Ulm, Memmingen, Saxenhusen, Manheim, et de la citadelle d'Heidelberg. Nous espérons que la misère du Palatinat excitera la compassion d'Angleterre laquelle au mesme temps a envoyé à Vienne pour se plaindre de cet article de la paix de Saxen9, et a faict venir icy le vicomte de Scudamor10, ambassadeur ordinaire d'Angleterre, pour voir ce qu'on pourra traiter avec la France.
De la tresve de Suède avec Poulogne11, on la parle fort, mais nous n'en avons point encore de certitude. Les advis de Vienne portent que le duc de Rohan12 aura bien besoin d'estre sur ses guardes pour continuer la possession de la Valteline contre tant de trouppes qu'on luy veut rester sus. Mais sa vigilance qui n'est pas moindre que son courage nous mettent en repos et nous font espérer la continuation des bonnes nouvelles de vos quartiers.
Lesquelles attendant, monsieur, ie prieray Dieu pour vostre prospérité.
Vostre serviteur très humble.
A Paris, l'onzième de Septembre 1635 n. styl.