Monsieur,
J'ay bien receu vostre lettre et celle du S.r Marini2 à Mons. le grand chancelier3, et aurai soin qu'avec luy soient bien de livres parmain exprès que i'espère d'envoyer dans deux ou trois iours.
Nous avons le roy4 de retour de Lorraine d.e ... en fort bonne santé; on promet au duc Bernhard5 quatre millions par an pour l'entretènement de ses trouppes. Ledit duc a eu l'honneur d'avoir sauvé l'armée du roy en sa dernière retraitte.
Nous avons icy le vicomte de Scudamore6, ambassadeur du roy de la Grand Bretagne7, qui travaille icy afin que si on vient à tractter une paix, on ait soin de la maison Palatine. Ledit roy seroit plus d'effet, s'il envoyoit une bonne armée navale sur les costes d'Espagne.
Nos amis nous abandonnent. Mons. le grand chancelier m'a adverty que l'électeur de Brandebourg8 et la ville de Brunswig suivants l'exemple de Lunenburg9 et de Mecklenburg10 ont accepté la paix de Saxen11. Mons.r le cardinal12 m'en a dit le mesure du landgrave de Cassel13, tellement qu'il n'y a rien qui agisse que France et Suède, laquelle n'est pas bien asseurée encore de sa tresve de vingt et six ans avec Poulogne14, puisque cela dépend de la ratification des estats de Poulogne.
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Dieu nous face entendre quelque chose de bon de l'Italie et de vos quartiers et vous conserve, Monsieur, en bonne santé.
Vostre très humble serviteur.
Le 7 de Nov. 1635 nouv. style.
Ayant escrit cette lettre i'apprens par lettres de Hamburg que Mons.r le grand chancelier craignant d'estre enfermé par les anciens et nouveaux ennemis, s'est retiré vers Stetin, laissant grande garnison à Magdebourg, que de là il espère de rentrer dans l'Allemagne, renfermé de l'armée que le marescal du royaume15 avoit amené en Prusse. Il a mis garnison dans Crerin et autres chasteaux de la Poméranie iustement au mesme temps que les trouppes de Saxen et de Lunenburg y estoient entrez. Nous sommes marris d'entendre que les affaires du siège de Valence sont si mal réussis.
Le 13 de Nov.