Monsieur,
Après un long silence i'ay receu la vostre très aggréable du 18 de Mars2, mais aux autres que ie vous ay escrites ensuite de tant de sepmaines ie n'en ay point aucun advis vous priant de m'en adver[t]ir de la réception d'icelles. Ie vous escris quasiment chasque sepmaine, et d'ores en avant reccomanderay comme ie fais à présent les miennes au sieur Tschudy3, secrétaire pour les affaires du roy4 à
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Coira ausquel vous pourrez aussy addresser les vostres, qu'on m'envoyera à Chiavenne où d'ordinaire ie me tiendray ferme à cause de la peste qui commence à pulluler dans la Voltoline, craignant grandement que ce ne soit la ruine de nostre armée autrement invincible. Et la disette de toutes choses advancera nos misères, si le roy par le promt envoy de l'argent qui manque n'y remediera. Ie m'estonne bien qu'on abandonne de telle façon Monseig.r de Rhuan5 qui autrement estant pourveu des moyens nécessaires pourroit faire de gran exploits dans le Milanois. Mais il faict espérer que le roy d'ores en avant y donra meilleur ordre aussy bienque monseig.r le gran chancelier6 à mes nécessitez qui croissent par l'accouchement de ma femme7 d'un fils8 duquel ie voudrois que vous fussiez compaire estant plus prochain.Pourtant ie disposeray en sorte mes affaires que ie puisse faire un voyage en Poméranie s'il plaist à Dieu cest esté, pour voir une fois d'où ie dois tirer mon entretènement puisque nos rentes de la Voltoline misérable nous manquent.
I'en attendray néantmoins vostre advis, duquel ie fais profession d'estre, monsieur,
Vostre très obéissant serviteur
Marini.
De Chiavenne, ce 2/12 de May 1636.
Boven aan de brief schreef Grotius: Rec. 30 May n. st.
In dorso: 2/12 May 1636 Marini.