Monsieur,
I'avois espéré que mons.r Muller2 passeroit par icy mais à ce que i'appren il a pris la route de Basle pour aller trouver mons.r de Veimar3, dont ie suis fort fâché et de là puis conjecturer qu'il n'aura rien apporté qui soit à mon advantage. Ie luy en escriray pour sçavoir de luy s'il a quelque ordre pour le payement de mon gage qu'on me doit depuis 17 mois, estant impossible que ie puisse ainsi subsister sans me ruiner tout à fait.
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Ce que produira la mort des ducs de Savoye4 et de Mantoue5 nous le verrons bientost, chacun en appréhendant une plus furieuse guerre en Italie où les Vénétiens arment à la gagliarde et sans ces accidents ils estoyent âpres de faire licentier une partie de leur trouppes, se monstrant extraordinairement addonnés à l'espargne.
Les Grisons sont fort mal contens de ce qu'on ne traitte leur trouppes dans le Milanois à la façon des Suissez, les marquant à poil et à nom contre la liberté de leur nation; de ce petit commencement tout le monde comprenant un pire traittement, aussy le gouverneur de Milan6 leur doit avoir dit que ne voulant point se faire enrooler à la façon d'Allemagne ils eussent à s'en retourner en leur maisons.
A Genes on fit attendre leur députez7 plus de cinq heures à la porte de la ville, avant qu'on la leur ouvrist, et à Madril il ne se sont pas mieux traittez. Tout cela nous produira bientost des nouveaux changemens en ce pais-là.
A tant priant Dieu, monsieur, pour vostre prospérité ie demeure à iamais, monsieur,
Vostre serviteur très humble
Marin.
De Zurig, ce 19/29 d'8bre 1637.
Tout à présent ie vien de reçevoir la vostre du 13 d'8bre8.
Nous croyons icy que mon.r de Veimar se saisira des villes forestières pour y passer son hyver pouvant aussy nourrir plus commodément son armée de la Suisse voisine.
Boven aan de brief schreef Grotius: Rec. 12 Nov.
In dorso: 29 oct. 1637 Marini.