Monsieur,
Je suis fort aise d'apprendre par la vostre du 9/19 d'8bre2 la continuation de vostre bonne affection envers moy et du soing qu'avez de mes lettres dont ie vous ay beaucoup d'obligation et serois plus obligé si vous m'eussiez envoyé quelque asseurance si mon.r Muller3 me porte quelque ordre pour le payement de mon gage qu'on me doit desià depuis dix huict mois, estant impossible pour un homme tout à fait ruiné come moy de subsister de telle façon en sa charge.
Des Grisons4 nous sçaurons bientost ce qu'ils feront en Espagne d'où pour leur pays ils rapporteront sans doute toute satisfaction mais pour la Voltoline i'en doute grandement qu'ils n'y soient point restblis, et les Voltolins s'en ventent d'avoir asseurance des Espagnols qu'ils seront maintenus en la liberté du traitté de Monson5.
Les Suisses s'assemblent dimanche prochain á Bade desquels il ne faut pas attendre aucune résolution pour le bien public estant trop adonnez à l'oisivete et l'avarice oultre qu'ils sont fort désunis ensemble, les petis cantons favorisant les Austrichiens et les protestans n'ayant point le courage de faire aucune résolution sans leur compagnie. Ce qu'on y résoudra ie vous en advisera par la première occasion.
Les Grisons n'ont pas encor demoli le forts de Rhin et de Steig à quoy faire ils seront derechef vivement exhortez, mais si on ne les y force ils ne feront rien d'eux mesmes, l'Espagnol fournissant de l'argent aux Grisons pour la confermation de dits forts qui mettent non sans juste raison en jalousie les Suissez menacez de tous costés par l'approche des Austrichiens.
Je vous baise les mains et demeure inviolablement, monsieur,
Vostre serviteur
Marin.
Zurig, ce 2/12 de 9bre.
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De Basle on nous escrit que les impériaux ont ruiné le pons du Rhin et forcé les retranchemens ce qu'estants ce seroit un mauvais affaire pour nous.
Boven aan de brief schreef Grotius: Rec. 2 dec.
In dorso: 12 Nov. Marini 1637.