5597. 1642 februari 8. Aan J. de Wicquefort.1

Monsieur,

Les particularités de la victoire2 obtenue par les comtes de Guebriant et d'Eberstein, comme elles ont grandement resjoui la cour icy, ainsi m'obligent à vous remercier du soing qu'il vous a plu de prendre à m'en instruire.3 Il faudra asture4 partager les prisonniers, ce que, j'espere, se fera de telle sorte que le lion ne prendra pas tout pour lui.

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Le roi et le cardinal sont en chemin entre Fontainebleau et Lions. A Moulin s'addresseront à sa Majesté les deputés de Colmar et de Strasburg, ceux-là se plaignants de ce que le commendeur de la garnison prend à lui les anciens revenus de la ville contre les traittés, et ceux-cy de ce que ceux de Saverne ont pris des chevaux que leurs deputés menoient vers le duc Charles pour appaiser sa cholere. On croit que ledict duc Charles et les Bavarois se vont joindre à Hasfeld. La continuation de la conferance à Goslar donne icy de l'ombrage, comme aussi un bruict qui court icy que les Suedois traittent aparte, ce que je ne croy pas. Delà Lion le roy faict faire des estappes en divers endroicts pour rendre incertaines les conjectures sur son desseing.

La protestation faicte par les evesques d'Angleterre esbranlera l'autorité des resolutions parlementaires dans l'esprit de plusieurs, dont ne peut suivre que tres grande confusion. Cependant aussi les Escossois demeurent en craincte et le noveau parti en Irlande dans les armes, fomenté par l'argent estranger ou d'Espagne ou de France. En France ce qui se publie de leurs affaires, est grandement en leur faveur, et croit-on icy que le mal est pour durer. Les mescontentements que les Portugais ont receus de la prise de Saint-Paul en Angola, la guerre contre les Hollandois recommencée en Brasil, le peu d'argent et d'ordre qui se trouve dans ce roiaume, le feu de la derniere conspiration caché soubs des cendres me font apprehender quelque mal pour eux, si ce n'est que le roy de France face, comme il semble avoir d'envie, une diversion puissante dans des autres quartiers d'Espagne.

Je ne m'estonne pas que l'affaire du Palatinat s'advance si peu à Vienne, la foiblesse des royaumes de la Bretagne n'estant là que trop cognue. L'electeur de Cologne voyant la guerre tout autour de lui, aura subject de songer à la paix et l'empereur aussi, si tant est que Torstenson et Stalhans se jettent dans les terres, que la maison d'Austrice appelle hereditaires.

Je demeure, monsieur,

vostre tres humble serviteur.

Le 8 de Fevrier 1642.

On me dit que le marquis de Baden a rendu au roi ses pretensions au Brisgoi. Argillere demeure assiegié par les François. Les Espagnols ont falli de prandre Bubio à Monferrat. Il y a eu une sedition à Triple5 au roiaume de Napels. Les princes de Savoye ont receu quatre-vingt mille livres du roi d'Espagne. On dit que madame de Savoie vient voir le roi à Lions, où le roi a fait arrester 2000 mulets. Le roi a avec lui un sceptre avec une coronne, peut-estre pour quelques solennités en Catalagne. La cavalerie, qui a recovré Hohenwiel, avecq quelques gens à pied recommancent la guerre dans la France Comté. Le cardinal Mazarini va à Munster. On promet au comte de Guebrian renfort de 2000 hommes. Un secretaire de l'archevesque de Bordeaux est mis en prison; le bien du duc de Guise donné à sa mere. Et on dit que don Melos a ordre d'envoyer 9000 en Hispagne du Pais-Bas.

Bovenaan de copie staat: M. Vickefort.