Monsieur,
Vous sçavez que nostre bon mareschal Horn2 se trouve à Tubinghen, où il attend l'ordre du roy,3 où l'eschange se doit faire avec le baron de Vert. Je suis d'advis de l'accompagner en Suede, s'il me le permet et cependant ne m'arrive aucun argent pour avoir de quoy vivre, ou bien iray avec luy jusques à Paris pour disposer monsieur Heuf4 qu'il me paye le reste de ce qu'il me doit, car asseurement monsieur le mareschal en tel cas luy procureroit ses descomtes. Que, si ledit seigneur me promettra d'y disposer luy-mesme le sieur Heuf, je demeureray icy ayant autrement tel ordre, et en tel cas vous supplieray, monsieur, de travailler avec monsieur dit [sic] seigneur Horn que le sieur Heuf me contente au plustost du reste. Vous ne sçauriez croire en quelles extremitez que je suis icy avec neuf personnes et la despence qu'il faut faire sur les correspondants et d'autres choses extraordinaires. Je suis certes las de telle vie que je mene en ceste charge, qui me cause tant de dommage, et si est-ce que je ne puis estre payé de ce peu de gage qu'on me doit.
Ce qu'il y a de nouveau, vous l'apprendray de cy-joint paquet ouvert,5 qu'il vous plairra fermer et envoyer à son addresse. Continue[z]-moy, s'il vous plait, l'honneur de vos bonnes graces et me croyez toute ma vie, monsieur,
vostre serviteur redevable,
C. Marin m.p.
De Zurig, ce X/XX de Mars l'an 1642.
Il y a eu icy un gentilhomme suedois nommé Schuz,6 qui me semble de fort bon esprit et s'en va en France.
In dorso schreef Grotius: 20 Martii 1642 Marin.