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Monsieur,
Je n'escris pas à monseigneur le general Horn pour ce coup, ne sçachant rien, où il est et s'il a passé desja Paris, jusques à ce que vous m'en donniez quelque advis.2 Si toutesfois son Excellence se trouve encor à Paris, je vous supplie de luy baiser les mains de ma part et l'asseurer de la continuation de mon tres humble service en son endroict, en luy faisant voir ce que j'escris en Suede par ceste derniere, que je vous envoye ouverte. Au reste, j'espere que vous auray extorqué quelque chose pour moy de monsieur Heuf avec l'assistance de mondit seigneur general,3 et en attend[s] des bonnes nouvelles de vostre part par le prochain.
Car oultre tant de malheurs qui me talonnent de tous costés, ayant despeché ma femme en Valtoline pour y assister à un procez qu'elle y a depuis quelques années, on la a vidé devant sa venue à son tres gran dommage, et par ce moyen est privée des meilleurs fonds qu'elle y avoit et ce faute de moyens qui l'ont arresté icy plus longtemps qu'il ne fal[l]oit,4 Patience.
Outre cela, la cherté de toutes choses est si excessive chez nous que c'est une pitié de s'y trouver pour moy, qui sans cela suis desja endeubté et fort malmené par mes creanciers. Je me confie après Dieu en la bienveillance de mondit seigneur general, qui sçaura en sorte disposer messeigneurs les regens de Suede, que peut-estre ils m'en soulageront bientost, pourveu qu'il arrive bientost en Suede ou à Hambourg, d'où on ne me mande encor aucun advis de mon change, qu'on m'a promis il y a deux ans.5
Les livres de mondit seigneur general ont esté envoyés de Lindau à Basle et de là j'espere qu'on les aura envoyé à Benfeld.
Je continue d'estre, monsieur,
tout le vostre,
C. Marin m.p.
De Zurig, ce 26 de May l'an 1642.
In dorso schreef Grotius: 26 May 1642 Marini.