Monsieur,
Deux ordinaires sont passez, sans que j'aye receu de vos lettres, ce qui me fait croire que vous estez empeché avec monsieur le marechal Horn, qui peut-estre aura pris son quartier chez vous. Dieu veuille qu'il puisse disposer monsieur Heuf à me payer le reste de ce qu'il me doit,2 et j'en atten[ds] de vos nouvelles en gran' impatience, vivant icy parmy une incroyable cherté.
Les Espagnols sont en campagne avec peu de forces, mais ils n'entreprennent encor rien, jusques à ce qu'on adjouste les pretensions du prince Thomas, qui doit commander leur armée,3 et le marquis de Carazena, espagnol, luy sera adjoint pour ne faire rien sans son advis.4 Après que le secours de Naples sera arrivé et les deux regimens d'Allemagne, le prince aura un corps d'armée à part, mais je ne crois pas que cela se face sitost à cause de la desfaite du duc Franz
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Albrecht en Silesie, qui est de consequence.5 Le prince cardinal traitte tousjours avec Madame sans rien conclurre6 et asseure les Espagnols d'autre costé de ne rien faire à leur prejudice, tirant ainsi temps en avant pour voir quel ply prendra la guerre en Espagne et Italie, pour selon son succez mesurer ses resolutions, dont les Espagnols sont fort jaloux.Les Grisons ayant effectué ce qui porte le traitté de Feldkirch, fort prejudiciable à eux, l'archiduchesse d'Insbrug a ratifié son ancienne paix avec eux, et les deputez en sont de retour avec des chaines d'or, ceux de 8 droitures ayans presté le serment de fidelité à l'archiduchesse.7 Nous verrons si le pape admettra à son audience Lamego comme ambassadeur de Portugall,8 car en tel cas les ministres d'Espagne doivent partir de Rome avec la nation mesme qui y est, ce qui produira beaucoup de difficultez, puisque d'autre part l'ambassadeur de France proteste de faire le mesme, s'il n'emporte point du pape ce qu'il desire sur ce suject. Je me reccommande à vos bonnes graces et demeure, monsieur,
tout le vostre,
C. Marin m.p.
De Zurig, ce 9/19 de Juin l'an 1642.
L'estat de Milan a promis 6 mille hommes au roy d'Espagne par luy demandez, lesquels on envoyera en Espagne.
Princeps Anhaltinus Christianius misit huc unum ex suis nobilibus qui invitaret pagos protestantes ad fideiubendum pro infante recenter nato.9 Vellem edoceri ubi nunc est dominus Skyt,10 cui hic inclusas mitto.
Bovenaan de brief schreef Grotius: Rec. 3 Iulii.
En in dorso: 19 Iunii 1642 Marin.