Monsieur,
J'ay receu la vostre du 17 de Juillet. J'apprens que monsieur le mareschal Horn est passé par Hambourg2 et que nos affaires vont tres bien en Silesie et aux provinces voisines, mais l'archiduc Leopold et Picolomini rassamblent de l'Austriche, Hongerie et Poulongue tant qu'ils peuvent des gens pour reprandre Ulmitz.3 Nos dix mille hommes de la nouvelle levée en Suede sont prèz pour passer la mer; si le roy de France vouloit donner quelque chose d'extraordinaire, on les pourroit augmenter et de cela faire une armée, qu'on donneroit à monsieur le marescal Horn, qui a bonne envie de recompenser les Bavariens selon leurs oeuvres.4
Le chancelier est party5 avecq quelque compagnie pour sa guarde en chemin; se va rendre à Lions pour faire le proces aux prisonniers. Le frere du roy s'est retiré en Suisse et se dedict, disant n'avoir que cherché de moyens pour sortir de la France. Ceux du parlement d'Angleterre menacent de vouloir venir avecq 30 mille hommes à Jork pour querir le roy. La partie des romanistes se fortifie en Irlande. Et au pays de Coulogne et de Cleves on se regarde. Don
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Melos estant revenu vers la frontiere de France ne faict rien encore. Et de Perpignan nous attendons ce que produira ou la famine des assiegez ou le secours des Espagnols.Icy on espere tousjours d'attirer les princes de Savoye, mais je m'en doubte aussi bien que vous. Je croy qu'à Rome on tiendra l'affaire de l'evesque de Lamego indecis jusques à ce qu'on voie quelle issue prendront les affaires du roy de Portugal.6 On dict que les Hollandois ont dechargé de la guarde de Malacca.7
Je voy qu'il n'y a que trop d'Antichrist[s] et peut-estre il y aura encore de pires. Dieu nous en guarde et mette sa paix au monde,
le vostre.
Le 5 d'Aoust 1642.
Bovenaan de copie staat: Mons. Marini.