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Monsieur,
Je vous suis bien obligé des novelles qu'il vous a pleu me mander du 18 du May.2 On dit icy qu'Asac est aux Turcqs et le temps entre la date de vostre lettre et la reception, qui est auduord'huy, est assez long pour avoir tel et autres changements.3
Les amis en France vous manderont les malheureuses fins de messieurs Cinq-Mars et de Thou, comment le roy par la famine a pris Perpignan et mis guarnison dans Sedan sans coup ferir.
Je me contenteray de vous dire que noz Suedois4 continuent à bien faire, que le marescal Torstenton a faict quitter le siege de Glogau et Coningmarck le siege de Zeist. Outre cela cestuy-là a battu l'arriere-guarde de l'armée imperiale à la retraitte et cettuy-cy metz soubz contribution la Saxe et la Franconie et a donné telle peur aux electeurs, qu'ils se sont hastez tous pour s'assembler à Francfort et faire venir l'empereur à la paix.5
L'electeur de Brandenburg a envoyé une ambassade solennelle en Suede pour obtenir la neutralité, ce que je croy que reussira. On commancera aussi à parler de marier nostre reine, qui est parvenue à l'aage d'entre seize et dix-sept ans.6 Je vien de la cour, où j'ay laissé le roy en bonne disposition et monsieur le cardinal en meilleure que cy-devant.7
Je suis, monsieur,
vostre tres humble serviteur,
Hugo Grotius.
Le 14 d'Octobre 1642.
Bovenaan de copie staat: M. Maison Blanche.