Monsieur,
J'ay receu vos lettres du 6 Avril et envoyé celle qui est pour la Suede comme je ne manque jamais.
Icy rien de grand ne se fait.2 La santé du roy continue dans l'incertitude. On console le peuple par des esperances, faisant sçavoir que le roy sent les effects de leurs prieres et en recompense leur promet la paix, qui est fort desirée. On cache en des lieux incognus le corps du feu cardinal de Ricelieu, pour ce que le peuple a grande envie de le maltraitter comme jadis le marescal d'Ancre. Quelques-uns se persuadent que la maladie du roy vient dudit cardinal, autres ont d'autres mescontentements, lesquels sont fomentez par le grand nombre des rappellez qu'on voit à present à la cour.
On ne fait rien sur la frontiere du Pays-Bas, mais monsieur de La Milleray va vers la Bourgogne. Il tiendra la lieutenance du gouvernement de la Bretagne, le gouvernement mesme estant donné au duc d'Anjou, et au duc de Vendosme promesses d'un autre. Le roy a faict aller la reine au conseil et outre les autres aussi le duc de Longeville.3 En Angleterre l'apparence de la paix se recueile,4 et pour la generale les François differeront leur voyage tant qu'ils pourront. On envoye au marescal Torstenson de la Suede un secours de six mille hommes.
Je suis, monsieur,
le vostre.
5 May 1643.
Bovenaan de copie staat: M. Marini.