Monsieur,
En responce de vos lettres du 28 passé2 je vous diray que si monsieur vostre fils pouvoit faire commodement la levée de ces deux cent hommes sur lesquels on lui offre le commendement, je l'advouerois, car il n'y a point de meilleur service pour à ceste heur que celuy de Venise,3 où ce qu'on promet on le paye exactement. Mais en cela il y a deux difficultés grandes, l'une à cause de la levée qui sans le consentement des superieurs en Suisse, ausquels il faut donner des grans presents, ne se peut faire; l'autre pour le passage par le pays tant des Petis Cantons, qu'il faut traverser, que des Grisons, qui sont fermés, et on ne le sçauroit obtenir sans despendre beaucoup. Toutesfois si la Republique veut bailler tant d'argent à vostre fils qui suffise à procurer ledit passage, il le pourroit accepter
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et je l'en assisteray icy tant que je pourray et monsieur Sprecher à Coire.4 Il faudroit aussy avoir quelque amy à Berne, où il y a à trouver plus de gens qu'au pays de Zurig, qui n'est pas si grand. On trouve aussy tousjours des Bourgignons et des Lorrains qui passent volontiers au service de Venise.Le prince Thomas a pris le chasteau d'Asta,5 mais non pas la citadelle, qui est encor assiegée aussy bien que Tortone par les Espagnols, qui y perdent beaucoup de temps sans advancer trop sur les François, qu'on dit pouvoir tenir encor tout ce mois. Cependant le duc de Parme avec celuy de Modene6 se prepare pour rompre la guerre, si en peu de jours le pape ne se resould à la restitution de Castro.
On tient icy le roy tres chrestien pour mort,7 mais tant que je n'en ay point d'advis de vous, je n'y adjouste point de foy et demeure, monsieur,
tout le vostre,
C. Marin m.p.
De Zurig, ce 4/14 de May 1643.
Je vous prie de me dire si la France a payé ce qu'elle doit jusques à ceste heur à la Suede.8
Bovenaan de brief schreef Grotius: Rec. 27 May.
En in dorso: 14 May 1643 Marin.