Monsieur,
J'ay travaillé tous ces jours passez2 à l'affaire de madame la landgravinne prèz les deux princes qui sont du conseil et prèz ceux qui gouvernent les affaires estrangers et les finances pour faire continuer ou renouveller l'alliance que son Altesse a eue avecq la France et la dedommager de la perte des contributions à cause que sa cavallerie a esté retenue par le marescal de Guebrian durant trois mois inutile. J'espere que tout ira bien.
Le marquis de Bressé ne se veut laisser persuader de quitter l'admirauté en prenant recompense, ce que la reine desire, voulant retenir pour elle le gouvernement de Bretagne, qui a esté à monsieur de Vendosme, et lui donner l'admirauté. Les ambassadeurs pour la paix ne s'hastent pas beaucoup.
On renforce l'armée devant Thionville, où on commence à faire les approches. Le conseil d'Estat, qui aura de l'employ reel soubs le conseil estroit de la regence, sera de
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22 personnes. Le duc de Guise est icy. On me dit qu'on veut empescher l'entrée dans la France à la comtesse de Bossu. Cependant le duc de Guise travaille nonobstant deux mariages vrais ou pretendus à retenir ses benefices jusqu'à ce qu'il en puisse disposer au proffit de sa famille, ce que ny monsieur le prince ny le cardinal Mazarini, à qui le feu roy a conferé une partie des benefices dudit duc de Guise, n'entendent point ainsi.On nous dit que les Portugais ont pris Sauveterre en Gallice, que le marescal de La Motte-Odincourt assiege Tarragona, que le grand-duc a pris sur le pape Castiglion sur le Lac et la Cividad de Penna.
Je suis, monsieur,
vostre tres humble serviteur.
A Paris, le 18 de Juillet 1643.
J'apprends avec joye que les affaires de Hesse icy sont en termes d'accommodement. Je voy qu'à Francfort l'empereur travaille afin qu'à l'affaire de la paix il n'y ait de deputez que de luy et des electeurs, mais les villes sont d'autre advis et la pluspart des princes aussi bien que les villes qu'il faut traitter de l'affaire palatin aux lieux destinez pour la conference generale. On nous dit que Mercy et Jean de Waert sont mal ensemble. Les gens de l'electeur de Mayence promettent la restitution au duc de Zimmeren.
On s'offend fort icy du mot ‘traistreusement’ que le seigneur Pyme met dans les accusations contre la reine; et si on peut avoir la paix, on s'en souviendra d'un si grand mespris d'une reine et fille de France et peut-estre que ce sera une des causes qui advanceront la paix. Il importe grandement quelle resolution prendront les Escossois.
Bovenaan de copie staat: M. Vicquefort.