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    439

    6346. [1643 juli 31]. Aan J. de Wicquefort.1

    Monsieur,

    Je ne lairray pas de vous servir partout avecq la mesme affection comme j'ay faict près de monsieur de Bailleul.2

    La reine-regente use de grande bonté3 envers ceux qui l'ont offensée et de grande prudence en touts affaires. Le second ambassadeur d'Espagne, don Diego de Saviedra, a eu permission de veoir cette ville sans s'y arrester ny veoir la reine.

    Du siege de Thionville on a esperance d'un bon succes au mois venant, puisque le prince d'Orange arreste un bon nombre des Espagnols et le marescal de Guebrian, se tenant près de Rothwiel, arreste les trouppes du duc Charles et celles de Baviere, qui sont près de Simmeringue, afin qu'elles ne se joingnent aux espagnolles. Et je croy que nous ne devons esperer autre chose dudit marescal jusqu'à ce que Thionville soit prise. Cependant les assiegeants se resjouissent avec leur general, le duc d'Anguien, à qui Dieu a donné un jeune prince du sang. Je ne croi pas que les actions de guerre soyent grandes de cette armée en vos quartiers.

    Entre les raisons qui ont servi autresfois pour faire la trefve4 a esté que le revenu du pays ne suffisoit à payer les interests des sommes empruntéez et la solde par mer et par terre, d'où estoit arrivé que les matelots en Zelande commençoient à mutiner, chose, comme vous considerez fort bien, tres dangereuse pour un tel estat. Depuis ce temps-là le revenu s'est augmenté, mais les debtes bien plus et sera bien difficile ou d'augmenter plus le revenu ou de diminuer la despense. Cependant ces grandes armées par mer et par terre et ces conquestes aux Indes et en Afrique donnent un grand lustre à cet estat et le moyen de faire des traittez avecq les amis ou les ennemis. Ceux de Zelande en la trefve precedente ont obtenu ce qu'ils desiroyent. Et certes, cette province pour plusieurs raisons doibt estre considerée par les autrez. Je ne m'estonne pas que ceux de Gueldre sont soigneux de conserver une chose qui a tant cousté. Je ne voy pas quelle recompense pouvoit avoir le roy d'Espagne du roy d'Angleterre, quand il luy cederoit ses pretensions bien envieillies sur les Provinces-Unies.5 Les jeusnes et prieres publiques sont bonnes, mais je me souviens qu'elles ne servoient qu'à esmouvoir le peuple contre leurs superieurs.6 Le besoing du commerce de part et autre fera qu'on trouvera de l'accommodement entre l'Angleterre et les Provinces-Unies sur les navires pris.7 Mais d'Angleterre j'apprends que les parlementaires ne veulent plus s'entendre à aucun traitté à cause de l'exception de dix-sept du pardon general, sur quoy et d'autres choses il y auroit à discourir si le roy a esté servi des conseils qui estoient convenables au temps.

    Les ambassadeurs d'icy pour la paix partiront à my-Aoust et monsieur Servien, qui va en Italie, un peu plus tard. Dieu veuille donner la paix tant en Italie qu'en Allemagne

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    et partout où on la desire. Je m'en doubte si en vos quartiers on la veut, mais hors de toute doubte, monsieur, je suis

    vostre tres humble serviteur.

    On continue à dire que les Portugais sont entrez en Gallisse, que le marescal de La Motte-Odincourt a pris Ribacorto et passé l'Ebro, ayant vingt et deux milles combatans, que le roy d'Espagne travaille à mettre la paix entre le pape et ceux de la ligue, le pape en ayant besoing, puisque ceux de Venise ont pris des terres sur le Po, les ducs de Parme et Modene au Ferrarois, le grand-duc dans l'Urbinat. Le pape a fait des cardinaux sans s'estre souvenu encore de l'evesque de Bauvais, pour qui monsieur de Marescot va à Rome. Nous apprenons aussi que le prince Thomas et le marquis de Ville assiegent la Nouvelle Ville d'Ast et que l'armée navale des Turcqs se fait encore veoir près de la Sicile.

    Le duc d'Angoulesmes, renforcé de quatre mille chevaux de l'armée du duc d'Anguien qui ne servoyent plus aprèz que la circonvallation estoit faicte, guarde la Picardie. Huict milles Espagnols se sont fait veoir aux Boulonnois, mais n'ont rien fait que brusler des maisons. On croit qu'ils ont eu desseing sur Mathelin et Ardres. On leve icy six mille gens de nouveau.

    Nous apprenons que la pluspart des catholiques s'estant jointe aux protestants, l'assemblée de Francfort sera discontinuée et que tant les princes que les villes envoyeront aux lieux destinez pour les traittez de la paix, où se traittera aussi l'affaire palatin, horsmis qu'au duc de Zimmeren l'empereur a promis la restitution et escrit à don Melos pour l'effectuer. On traitte à Mayence d'une defensive semblable à celle de Westfalie, et y veut-on attirer la ville de Francfort. Le duc de Lorraine a demis à Homburg, ville du pays de Sarbruck, un gouverneur y mis par l'empereur, et y mis un de ses confidents. On croit qu'il a desseing de revenir du Danube vers le Rin et se mettre ainsi en posture pour pouvoir traitter avecq la France. Ceux de Wirtenberg esperent d'obtenir un traitté qui leur soit plus advantageux.

    Les medecins veulent encore que nous croyions la grosesse de Madame. Le duc de Guise songe encore à son mariage fait en Brabant contre le conseil de ses amis.8 Le duc de Bouillon a fait imprimer les raisons pour lesquelles on le doit remettre dans la possession de Sedan, mais on luy a donné un mois de terme pour deliberer s'il veut prendre recompense. Don Diego de Saviedra a disné chez les chartreux et veu le Cours et le mesme jour a quitté Paris.

    Bovenaan de copie staat: M. Vicquefort.

    Notes



    1 - Kladafschrift in copieboek Den Haag, ARA, Eerste afd., coll. Hugo de Groot, aanw. 1911 XXIII no. 4, p. 139.
    2 - De Hessische resident in Den Haag kende Nicolas de Bailleul van de tijd dat deze nog niet de zorg behoefde te dragen van het staatssecretariaat van financiën.
    3 - Onderstaande berichten komen ook voor in Grotius' nieuwsbrieven dd. 31 juli 1643 (nos. 6344-6345).
    4 - Grotius bespreekt hier enkele vraagstukken die in overweging genomen moesten worden bij het opstellen van de instructie voor de Staatse delegatie ter vredesconferentie (Aitzema, Verhael van de Nederlantsche Vreede-Handeling, p. 449-455).
    5 - De rechten krachtens het door koningin Elisabeth gesloten verdrag van Nonsuch van 1585.
    6 - De ‘classes’ van Zeeland hadden zich uitgesproken voor het houden van een bid- en vastendag tot onderstand van hun geloofsgenoten in Engeland. Het voorstel kreeg in de Staten-Generaal onvoldoende steun (S. Groenveld, Verlopend getij, p. 110).
    7 - Begin juli waren enkele Engelse koopvaarders bij het verlaten van de haven van Duinkerken door schepen van de Staatse blokkadevloot aangehouden en ter visitatie opgebracht naar Zeeuwse en Hollandse havens. Prompt daarop liet admiraal Robert Rich, graaf van Warwick, tien Staatse koopvaardijschepen, die bij Duins op gunstige wind lagen te wachten, aan de ketting leggen (CSP Ven. 1642-1643, p. 296).
    8 - Henri II de Lorraine, hertog van Guise, zou zijn in de Republiek achtergebleven echtgenote Honorée de Glymes, gravin van Bossu(t), spoedig vergeten zijn (Tallemant des Réaux II, p. 368-370 en p. 742-743).