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Monsieur,
La reyne se porte mieux,2 comme j'ay veu, ayant eu audience près de sa Majesté, qui m'a asseuré de nouveau son intention estre que le marescal de Guebrian passe le Rhin avecq les secours qu'il a receus. Nous apprenons que le duc d'Anguien est à Saverne et que le secours qu'on donne au marescal de Guebriant n'est que de quatre mille gens d'infanterie, deux de cavallerie. Les Bavarois et Lorrains ont passé le Rhin à Spier, où ils ont leur pont de bateaux. On croit qu'Hazfeld les va joindre à quelques trouppes sorties de garnisons du pays [de] Brunswic et que Saradesky avecq quelques regiments est desja en chemin.
Les ambassadeurs d'icy pour la paix sont partis par terre et monsieur Godefroi, ayant la qualité de conseiller d'Estat, par mer. Les lettres du cardinal Mazarini qui alloient à Rome ont esté interceptées par des gens masqués. La croquantiere en Rouargue ne diminue pas, mais va jusqu'en Auvergne; ils ont pris Rodes. Le marescal de Chastillon a six mille hommes près de Vervin. On parle de remettre le commerce entre la France et Espagne. Monsieur de Noyers ne veut pas donner dimission de la charge de secretaire d'Estat que tient monsieur de Tillieres, esperant de nouveaux changemens, comme font aussi d'autres. La reine aura pour ses frais les revenus de Bretagne et d'Alençon et du Bourbonnois. Le viscomte de Turaine et Gassion seront bientost faicts maresceaux de France, selon qu'on dict, et on espere de profiter deux millions par an par la reformation de la milice.
La garnison de Brisac faict des plaintes icy. Le pape est malade comme aussi le duc de Baviere, qui est visité par le duc Charles. Les deputés de Wurteburg sont revenus à l'assemblée de Francfort, où on attend aussi ceux de Brunswick et Noremberg. On parle de nouveau qu'on traitte avecq l'archiduc Leopold sur le gouvernement de Pais-Bas. On nous dict que Tangres en Afrique a pris le parti pour le roy de Portugal et que le marquis de Bressé a pris treize navires de ceux de Biserte.
On dissimulera icy la saisie que les parlamentaires d'Angleterre ont faicte sur monsieur de Montaigu, pour ce qu'il n'a pas esté en la suitte de l'ambassadeur le comte d'Harcour, mais estant deguisé s'estoit mis en la compagnie de monsieur de Gressi pour parvenir au roy d'Angleterre. On dict que le roy d'Espagne est retourné à Madrid et que Piccolhuomini assiege Lerida.
Je demeure, monsieur,
vostre tres humble serviteur.
27 [sic] Octobre 1643 à Paris.
Le duc Charles a de nouveau ici un gentilhomme. Le landgraef de Darmstad y a envoyé aussi. On jette des billets contre le cardinal. Au pays d'Armignac treize maletostiers3 ont esté tuez par le peuple. Valois, un gentilhomme du duc de Baufort, a esté pris au Palais Royal, depuis relasché et commandé de se retirer. Les duchesses de Chevreuse et de Mombason ont esté plus eloignées. Le duc de Longeville va en Normandie. On dict que le cardinal [de Medicis] espere par les armées qui sont sur pied se faire elire pape en cas de la mort d'Urbain. On dict que Piccolhuomini a vingt mille d'hommes et deux ponts sur le Cinqua. Que le roy d'Angleterre a pris Reading.
Bovenaan de copie staat: A monsieur Wicquefort.