6508. 1643 oktober 31. Aan J. de Wicquefort.1

[Monsieur,]

La reyne-regente se porte de mieux en mieux.2 Le duc de Vendosme a eu commendement de ne tenir aucune correspondence à la cour ou à la ville, l'evesque de Limouges, quoique proche parent de madame de Senecé, de retourner en son diocese, estant venu icy pour des affaires, un gentilhomme nommé de La Vacherie de se retirer loing d'icy. Pour menager est à regle[r] icy la milice, tellement qu'elle sera de vingt-deux mille chevaux, soixante mille à pied, outre les garnisons ordinaires et les Allemans. On faict estat de payer six monstrez par an pour les gens de pied, sept pour ceux qui servent à cheval. On faict aussi des reglements nouveaux pour les quartiers d'hyver et on a employé soixante-dix mille livres en Champagne pour achepter du fourage. Le nonce Grimalde, qui est icy, ayant esté faict cardinal, a receu le chapeau de la main du roy. On attend icy un ambassadeur de Pouloigne, qui autrefois a esté grand ami du cardinal Mazarin. Mais il est à croire que cestui-ci n'aimera pas à se souvenir du temps passé. Le duc d'Orleans et le prince de Condé travaillent encore à avoir de nouveaux gouvernements, et on parle de marier Mademoiselle au duc de Mantoue. Six navires d'Espagne richement chargés sont arrivés à Havre de Grace soubs la banniere d'Angleterre. On parle de faire quatre mare-

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Les gens de Baviere tiennent leur pont près de Spire, le marescal de Guebriant le sien à Rinau. On croit que cestui-cy prendra ses quartiers au pays de Wirtemberg et aux environs. Le duc d'Anguien sera icy de retour en trois semaines. Il y a de l'argent à Basle pour les Françoys. Jean de Waert augmente ses trouppes et espere, dit-il, entrer au pais ennemi au printemps. L'assemblée à Francfort continue en attendant le retour des deputez de Brunswyck et de Noremberg. La chambre de Spier desire la neutralité. Monsieur d'Erlach tente quelque chose près d'Uberlingue.

En Italie Pont de Sture demeure assiegé par les Françoys. Tant les Florentins que les Barbarins augmentent leurs forces par mer et par terre, et le pape a escrit aux Suisses afin qu'ils ne laissent passer des trouppes pour les confederez,3 en quoy il ne sera pas obei, le monde estant à present accoustumé si les commendements du pape sont dans les limites de son pouvoir. Ceux de Malte assistent les Barbarins. Le duc Charles est à Worms, don Melos à Monts en Hainou, Beck au Luxemburg, croyant avoir [faict] beaucoup, ayant sauvé ce pais, Longui et Treves des mains des Françoys. D'Espagne nous avons que Lerida n'est point assiegé. Et on nous faict doubter si Badajos est assiegé et si les Portugais ont eu là tel advantage comme on a dict, mais bien nous asseuré est qu'en Portugal on a haussé la valeur de la monnoye pour y attirer l'or et argent des royaumes d'Espagne.

Les ports d'Angleterre sont fermez; on croit que c'est pour quelque remuement à Londres ou ailleurs. Avant cela nous avons appris que de vingt mille Escossois, promis par la derniere ligue, six mille sont arrivez et pour ce que le parlement ne leur peut fournir la somme convenue, on leur met entre leurs mains la ville de Barwyc, qui est frontiere d'Angleterre.

Un arrest est donné par le parlement, portant defence à ceux de la religion d'avoir leurs temples fort proches des eglises de catholiques, pour eviter les maux qui en pouroient arriver.4 Nous attendons le succes près de Hexter et souhaittons toute prosperité à madame la landgravin. Je ne sçai pas si l'union de Westphale5 sera assés forte pour empescher touts logements et passages des gens de guerre, assavoir Suedois, François, Hessiens, en cas que la guerre continue.

Si les ambassadeurs des Provinces-Unies qui vont en Angleterre6 tiennent une autre routte que ne faira l'ambassadeur de France, ils ne feront rien, ni pour eux-mesmes, ny pour leurs amis. En la province d'Hollande on doibt attendre cy-après un cours de la Noblesse tout à faict opposé à celui des villes,7 et si dix-huict villes demeurent tousjours d'accord ce sera beaucoup. Le principal soing de ces messieurs-là doibt estre de repurger la mer.

Je suis, monsieur,

vostre tres humble serviteur.

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31 Octobre 1643, à Paris.

Le duc d'Anguien est à Strasburg avecq soixante gentilhommes. On attend icy le prince Thomas et on imprime la vie du feu duc de Montmoranci. Monsieur de Noyers a desiré d'estre ambassadeur en Italie, mais ne l'a sceu obtenir. Don Melos en personne est allé à Brusselles, laissant ses trouppes près de Monts en Hainaut. L'armée navale de la France soubs le duc de Bressé est aux isles des Jeres. Les François disent qu'ils tiennent suspect le cardinal Rosetti, qui est à Couloigne, comme n'estant pas assés neutre. Le prince Casimir a pris l'habit de jesuite à Loretto. L'armée espagnolle en Catalogne est tres grande. On dict que celle de Portugal est près d'Evora et que ceux qui de cette nation font la guerre en Gallisse y ont pris Valverda. Les Toscans après San Justino ont pris la ville de Celle et pressent Perusie. Le duc de Parma faict une forti[fi]cation royale à Bondeno.

D'Angleterre nous apprenons que le prince Maurice a pris Dartmuth, que les royalistes et les parlamentaires se battent fort dans les isles de Jersei et de Gernsei. La reine-regente de France a faict demander Montaigu du parlement par le comte d'Harcourt, mais le parlement l'a refusé, disant Montaigu avoir esté condamné par le parlement avecq le consentiment du roy.

Bovenaan de copie staat: A monsieur Wickefoort.