Monsieur,
J'ay receu vostre lettre du 9 d'Octobre. Je ne vous manderay pas la mort du marescal de Guebrian,2 ny comment le comte de Rantsou et le colonel Ehm avecq beaucoup d'autres sont venus au pouvoir de l'ennemi et comment les colonels Tubadel et Rosa avecq la pluspart des trouppes se sont sauvez, puisque vous estez plus proche aux lieux où ces choses sont passées que nous. Mais bien vous dirai-je qu'icy on ne perd point de courage. Le viscomte de Turaine, estant prince et allié aux princes allemans, et marescal de France, et plein de merite, y est allé pour commander et pour ramasser les trouppes, renforcées par quattre mille hommes venants de la Champagne et d'autres quartiers et encouragées par bonne somme d'argent qu'on y envoye.
Les Espagnols assiegent et prendront Monson, le marescal de La Motte-Odincourt n'estant pas assés fort pour forcer des retrenchements bien faits et defendus par vingt mille hommes. Les ambassadeurs plenipotentiaires pour la France sont à La Haye et travaillent à faire là quelque traicté.
En Angleterre le comte d'Harcourt, venant d'Oxford à Londres, a demandé par escrit de sçavoir les raisons qui ont faict recourir ceux du parlement aux armes, afin que les sçachant pour bonne intercession on y puisse remedier selon les loix, coustumes et ordonnances anciennes. Cecy ne plaist pas aux parlamentaires, lesquels desja par un traitté nouveau se sont engagez avecq les Escossois pour chasser les evesques.3
Je demeure, monsieur,
le vostre.
8 Decembre 1643.
Bovenaan de copie staat: A monsieur Marini.