Monsieur,
Le colonel Rhon est party d'icy avec ses 4 compagnies que ceste ville donne au roy, et les autres les survint au rendé-vous qui leur est assigné dans le territoire de Gies.2 Et toutes
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ces trouppes qu'on donne pour ce coup à la France, feront environs 8 mille hommes effectifs. Les Grisons sont tousjours in praedicamento publico, et si le pape vient en Valtoline ils ne s'y opposeront point, n'ayans point de forces à luy resister. Son armée s'advance vers la ville de Ferrare et de là je crois qu'elle voudra aller vers le duché de Plaisance, y ayant peu d'apparence qu'on se puisse accorder amiablement, à cause que chaque parti se roidit sur son advantage et le point de reputation pousse les Barbarins de maintenir par armes ce qu'ils ont entrepris contre le duc de Parme,3 qui par son opiniastreté enaigrit l'affaire, parce qu'il a chassé l'evesque de Plaisance4 et tous les ecclesiastiques estrangers hors de son pays, dont on est fort offencé à Rome.Je ne sçai si vous avez veu le memorial que l'ambassadeur de France a presenté au pape en faveur du nouveau roy de Portugal, le droit duquel il maintient avec des tres bonnes raisons, et don de Velez qui est à Naples se prepare pour faire son ambassade vers le pape touchant le mesme suject avec l'assistance de celuy de l'empereur, en sorte que le college des cardinaux se trouve inter malleum et incudem, quicquid tandem in eo negotio decreverit.5
Si je ne vous escris d'icy en huict jours, croyez que je suis en chemin pour aller trouver monsieur le mareschal Horn6 en Alsace, où son eschange se doit faire, et s'il ne me permettra que je l'accompagne en Suede, je le supplieray qu'il s'interpose envers monsieur Heuf7 qu'il me paye le reste de ce qu'il me doit. Car par son moyen il pourra recevoir ses descomtes de Suede. Vous m'obligeray infiniment d'y cooperer et faire tant qu'après une si longue patience, qui me cause tant de dommages, je reçoive pour le moins ceste satisfaction en attendant le reste.
Torsenson s'advance vers Minden pour agir en campagne.
Je me reccommande à vos bonnes graces et demeure, monsieur,
vostre serviteur redevable,
C. Marin m.p.
De Zurig, ce 17/27 de Mars l'an 1642.
Les Bourgignons ont pris Poligni avec un autre chasteau d'importance, ce qui rompra tout à fait le traitté de la neutralité que les Suisses continuent à solliciter.
Bovenaan de brief schreef Grotius: Rec. 10 April.
En in dorso: 27 Mars 1642 Marin.