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    5900. 1642 september 27. Aan J. de Wicquefort.1

    Monsieur,

    J'eusse esté bien aise2 d'avoir peu rendre plus de service tant aux autres prisonniers que principalement à monsieur le duc de Boullon, mais l'affaire, comme vous voyés, a esté conduict par des voyes cachées pour parvenir là où on buttoit. Monsieur Mazarini, Aurilliere, le comte de Russi et d'Estrada estants allés à Sedan pour faire reussir la volonté du duc de Bouillon, nous verrons ce qui se fera. On dict icy que monsieur de Bricquemont soustient que ce n'est pas du debvoir d'un governeur que d'obeir au prince non libre, que les princes enfans du duc un jour se pourroient plaindre de luy. Ces raisons ne sont pas mavaises et il y a encore une autre, c'est que le roy a donné desja le governement à un autre.

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    A Grenoble on erige une nouvelle chambre pour juger des complices. Le roy est à la chasse autour de cette ville, le grand cardinal à Bourbon-Lancy pour se baigner. On croit que tous deux viendront bientost à Fontainebleau.

    Don Melos demeure prèz de l'Isle, le comte d'Harcourt prèz de Boulogne sans rien faire. Le duc Charles a mis dans La Motte 250 charriotz de provision. Quelques gens de monsieur le baron de Sel sont battus par monsieur de Gransei. Monsieur d'Ossenville s'est retourné à Brisac pour donner un peu d'argent à la garnison et aux voisines. Mercy a repris Wildestein par lascheté, dict-on, du governeur, qui pour cela est en peine à Hohentwiel.

    Les Suisses protestans retardent tant qu'ils peuvent les levées pour le Milanois, où on confisque tous les biens des Savoyards et Piemontais comme ennemis ouverts de l'Espagne. Le prince Thomas attend quelques gens de Roussillon; les ayant receus, on croit qu'il pourra avecq monsieur le duc de Longueville, ou appart, entreprendre quelque chose aggreable au roy, telle que seroit la prise de Chivas ou Trin pour asseurer Casal. Le roy a envoyé des marescaux du camp et deux millions des livres, ce qui avecq la ligue que projettent les princes d'Italie, pourra faire venir le pape à quelque accord.

    On a creu que les François aprèz la prinse de Perpignan iroient assieger Roses, mais le frere du grand-duc ayant renforcé de 25 bons navires l'armée navale d'Espagne, le succes en sera incertain.

    Nous apprenons que l'assemblée electorale se tiendra à Francfort en Octobre et la generale des Estats d'Allemagne en Decembre, et que 40 navires avecq X mille hommes sont partis de Lisbona, on ne sçait si ce sera pour prendre les navires castillans venants de l'Amerique, ou bien pour reprandre ce que les Hollandois ont pris en Brasil et Angola.

    Six navires pleins des armes et gens sont prestz à Nantes pour assister les Irlandois catoliques. Si ces gens-là se peuvent rendre maistres de l'Irlande, sans doubte ils passeront en Angleterre et rendront le parti du roy plus considerable qu'il n'est asteure.3 Je desire bien la paix de ces royaumes-là, mais seray marri que ce fust avecq oppression d'un bon roy, [ce] qui pourroit attirer des consequences mavaises dans des autres royaumes.

    Pour l'affaire de Sedan, si on ne pourra eviter de prendre garnison, il y a à penser s'il vaudroit mieux de prendre recompense à presant, ou de prendre garnison. Car si la garnison françoise y entre, il faudra, ce me semble, ou que monsieur le duc de Boullon se mette du costé des ennemis de la France, ou qu'avecq le temps il vienne à quelque eschange, ses possessions peut-estre vaillant plus que ses pretensions sur Sedan, qui sont fort disputées. Et la garnison et l'eschange est de digestion fort dure, soit qu'on considere la seureté, soit qu'on considere la dignité de la famille. Mais d'autre part le roy est persuadé qu'il est tres dangereux de laisser cette place au voisinage des ennemis, qui a tant de fois servi de retraicte à ceux qui faisoyent des remuements.

    Je trouve que c'est une des plus belles actions que monsieur le cardinal ait faictes, que d'avoir sceu tellement adjuster les interestz des princes de Savoye, qu'il les ait attachés à la France. On nous dict que le roy d'Espagne aprèz la perte de Perpignan, s'est retiré à Madrit, certes avecq peu de gloire. Quand à l'armée du comte de Guebrian,4 elle n'est point en danger d'estre mal traicttée par les ennemis, puisque elle est si proche de ce que tiennent les Provinces-Uniez. Mais il y a d'apparance que toutes les choses necessaires leur cousteront plus qu'auparavant, à quoy il faut que le roy pourvoye en fournissant de l'argent et il doibt bien croire que tout son argent n'est si bien employé que cestuy-là. Monsieur le prince d'Orange fera fort bien de se tenir encore en campagne tant que le temps de l'année le souffrira, tant pour servir le publiq que pour n'offencer pas la France en ce temps icy.

    J'ay esté tousjours pour les Estats d'Hollande en des choses equitables, mais je trouve estrange qu'ils ne deferent aux Estats-Generaux là, où il y a question d'entretenir les traittez

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    faictz par toutes les provinces et qu'ilz donnent occasion aux roys de croire que nulles conventions faictes avecq cet estat soyent fermes.

    J'attendray des novelles de nos armées de Torstenson et Coningsmarck5 pour les porter au roy, me resouyir avecq sa Majesté aveq la conqueste de Perpignan et de parler de la conference pour la paix.

    Je demeure, monsieur,

    vostre tres humble serviteur.

    27 Septembre.

     

    Nous apprenons que le parlement d'Angleterre non sans contradiction a aboly les evesques; que les Irlandois romanistes ont repris Kinzal, plusieurs navires et chasteaux, et ne veulent accorder si on ne restablit l'autorité royale. Le duc Charles est à Sarbrick, monsieur du Hallier le poursuit.

    Bovenaan de copie staat: M. Vicquefort.

    Notes



    1 - Kladafschrift in copieboek Den Haag, ARA, Eerste afd., coll. Hugo de Groot, aanw. 1911 XXIII no. 3, p. 66.
    2 - Onderstaande berichten komen ook voor in Grotius' nieuwsbrieven dd. 27(26) september 1642 (nos. 5898 en 5899).
    3 - Lees: ‘à cette heure’.
    4 - Het Frans-Weimarse leger van maarschalk Guébriant was op zoek naar nieuwe kwartieren. Op 27 september baande het een weg van Holtun over Uerdingen naar Wesel (Episodes Guébriant, p. 283-292).
    5 - De Zweedse hoofdmacht en het expeditieleger van generaal-majoor Hans Christoph, graaf van Königsmarck, leken koers te zetten naar Bohemen.
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