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    6200. 1643 mei 2. Aan J. de Wicquefort.1

    Monsieur,

    Il pourroit bien estre que l'empereur fonde quelque esperance sur l'incertitude à l'advenir des affaires de la France. De la reconvalescense du roy je ne voudrois rien asseurer, quoyque le peuple conçoit des grandes esperances quand le roy2 a quelques bons intervalles comme à present. Un bruict qui a couru que le feu cardinal estoit cause de la maladie du roy a mis le peuple icy assez remuant en telle fougue qu'ils ont voulu prendre le corps du cardinal pour luy faire, ce disoient-ils, son proces, c'est-à-dire le traitter comme autresfois ils ont fait le marescal d'Ancre. Mais la Sorbonne l'ayant entendu a muré le lieu de tous costez et on y a mis de guardes et on dict que cela ne semblant pas suffire, on a osté le corps et quelques-uns adjoustent que secretement on l'a mis dans la Bastille afin qu'il remplisse, estant mort, la place de tant de vivans qui y sont sortis depuis contre son ordre et fort bien receus du roy. Principalement le marescal de Bassompierre, comme aussi monsieur Beringa, a esté bien receu. Madame d'Esguillon craignant aussi la violence du peuple a mis des guardes en sa maison et outre cela envoyé le plus pretieux aux monasteres. On veut faire quelque changement en la declaration sur la regence, qui a esté verifiée en parlament, et augmenter l'authorité de la reine, qui estoit fort restreincte. La reine se tient tousjours proche du roy et sert à sa Majesté. On tient que près d'elle auront grand credit le marescal de Scomberg, l'evesque de Bauvais et le president Bailleul. Si la reine, Monsieur et le prince de Condé se joingnent pour le bien commun, tout ira bien et les ennemis [n']en auront pas les proffits qu'ils esperent.

    L'empereur tache à changer la diette electorale en une imperiale et ne veut pas que les deputez des princes qui iront à la paix ayent ius suffragii. Le duc de Baviere se vante de pouvoir avoir la neutralité pour son pais et les deux cercles voisins de la France quand il veut, et en faveur de ce bruict traitte aussi avecq l'empereur pour obtenir quelques pais sur le Ens. Il y a qui soupçonnent qu'il y a quelque trefve secrete, pour ce que la cavallerie qui estoit sortie des guarnisons sur la frontiere du Pays-Bas a eu ordre de revenir et qu'on n'envoye aucune cavallerie au marescal de Guebrian, sans laquelle il ne sçauroit entrer dans l'Allemagne. Il est vray qu'on luy a envoyé mille et deux eens gens à pied, qui seront suivis de quelque trois mille, mais ces gens pourront estre employés pour se mieux asseurer des villes d'Elsace et principalement de Brisac, où on se defie asteure non seulement de monsieur Erlach, mais aussi d'Ossenville, lequel fait le malade n'aymant [pas] venir en cour, où il a perdu son appui. Monsieur Erlach n'est pas guary encore.

    Les compagnies des guardes qui alloyent vers la frontiere du Pais-Bas sont contremandez et on augmente le nombre des guardes à Saint-Germain, et met-on des gens à pied et à cheval aux villages voisins et sur les passages, ce qu'en tout evenement est fait sagement. Et [je] ne croy pas estre vray le bruict qui à l'occasion de cela a couru par cette ville, qu'il y avoit des desseings pour enlever le dauphin. Il y a des grands differents entre monsieur de Vendosme et de La Mileray, principalement pour le gouvernement de la Bretagne, et ne peut-on venir à la decision, pour ce que le roy ne se veut plus mesler des affaires du monde et la reine pas encore, pour ce que la regence ne luy est donnée qu'après la mort du roy. Cependant monsieur le prince preside au conseil et acquiert du credit, joingnant à la grandeur de sa naissance les bonnes qualitez de son esprit. Monsieur du Hallier sera marescal de France.

    Motte-Odincourt a defait, ce dit-on, un bon nombre des Espagnols et par ce moyen reduit la Vallée d'Arang à l'obeissance de la France. Ceux du chasteau de Tortonne ont fait une sortie qui leur est bien reussie et [a] faict acquerir quelques vivres, [ce] qui leur fera soustenir le siege plus longtemps en attendant ce que le prince Thomas voudra et pourra faire.

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    On tient que le duc de Longueville, messieurs d'Avaux et de Saint-Chaumont iront à la conference de la paix, mais cela n'est pas bien arresté. On a fait une publication en cette ville qui defend de mesdire ou mesfaire aux peres jesuites. Et certes, du transport du bled, de quoy on les avoit accusés, il sont innocents.

    Ceux de Gennes, ayants rendu au pape des bons services en ces occurrences, despensent de l'argent pour recevoir les honneurs tels que Venize. Le grand-duc n'a pas trouvé bon encore de donner passage par ses terres aux trouppes du duc de Parme, voulant voir premierement ce que ses deputez et ceux de Modene pourront faire à Venize. Cependant le duc de Parme a de bateaux en bon nombre sur le Po, on ne sçait pas à quel desseing, et le pape fait des levées de cavallerie et d'infanterie et a envoyé à Perusia deux mille gens de pied, huict cents chevaux et fortifie Rome. Toutesfois on espere une paix ou trefve, pour ce que le pape a fait revenir de Viterbe le canon à Rome.

    Je seray bien aise d'apprendre la suitte du differend entre Portugal et les compagnies des Indes,3 comme aussi du resident de Nieuburg,4 et seray tousjours, monsieur,

    vostre tres humble serviteur.

    Le 2 May 1643, à Paris.

     

    Il y a qui pour l'ambassade à la paix au lieu de Saint-Chaumont mettent Esmery. On croit que l'affaire de la Bretagne icy prendra cet accommodement que le duc d'Anjou aura le tiltre de gouverneur, Milleray de lieutenant et le duc de Vendosme un autre gouvernement.

    Bovenaan de copie staat: M. Vicquefort.

    Notes



    1 - Kladafschrift in copieboek Den Haag, ARA, Eerste afd., coll. Hugo de Groot, aanw. 1911 XXIII no. 4, p. 59.
    2 - Onderstaande berichten komen ook voor in Grotius' nieuwsbrieven dd. 2 mei 1643 (nos. 6198 en 6199).
    3 - Francisco de Andrade Leitão († 1655), ambassadeur van Portugal in de Republiek, 1642-1644, verlangde van de Westindische en Oostindische Compagnieën een stiptere inachtneming van het in 1641 totstandgekomen Staats-Portugese wapenstilstandsverdrag (Prestage, The diplomatic relations, p. 183-189).
    4 - Matthias Römer, resident van hertog Wolfgang Wilhelm van Palts-Neuburg in Den Haag, 1642 - ca. 1645 ( Schutte, Repertorium I, p. 193-194), drong wellicht te hard aan op Hessische deelname aan een Nederrijns militair-politiek verbond (Engelbert, ‘Der Hessenkrieg am Niederrhein’ in Annalen des hist. Vereins für den Niederrhein 162(1960), p. 67-68).
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