Monsieur,
Nous venons de nous rendre maistres de la ville de Rotweyl après un siege de douze jours. La conqueste en est assez considerable par rejouir tout le monde, n'estoit le triste
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accident qui arriva avant-hyer à monseigneur le marechal,2 lequel estant sur la batterie comme on faisoit breche y‹l› fut blessé d'un coup de fauconneau dans le bras droit, lequel il luy a fallu couper une demye-heure après. Jugez s'il vous plaist le retardement que cela causera aux affaires d'Allemagne, la direction de l'armée estant entre mains de quatre ou cincq testes, qui peut-estre ne s'entendront pas assez bien pour continuer les desseings qu'on avoit conceus.Il arrive un autre accident à cettuy-cy, qui est le debandement des troupes qu'avoit ammené monsieur de Rantzau,3 et particulierement de son infanterie, lequel est si grand que j'ay honte de vous escrire ce qui luy reste de quatre mil et cincq cens qu'il avoit emmenez icy. Vous aurez sceu sans doubte le malheur qui est arrivé au general-major Rose,4 lequel estant en party avec trois regimens de cavallerie fut surprins la nuit dans son quartier par le colonel Sporck, qui est une autre perte irreparable.
On fait estat de sejourner dix, douze jours avant que de rien entreprendre. Monseigneur le marechal se porte bien de ses blessures; les chirurgiens esperent de le guerir dans moins d'un mois.5 Les troupes de Baviere sont logées à quatre lieues de nous et estoyent en marche pour venir au secours de la ville lorsqu'elle s'est rendue. Si Hatzfeld6 les vient joindre comme ils en font courir le bruit, je ne voy pas que nous puissions avancer de beaucoup en ce pay[s]. Rotweyl nous a cousté assez de soldats et surtout quelques officiers, que nous regrettons extremement.
Je demeure, monsieur,
vostre tres humble et tres obeissant serviteur,
D. de Groot.
Au camp devant Rotveyl, ce 9/19me Novembre 1643.
Bovenaan de brief schreef Grotius: Rec. 8 Dec.