Monsieur,
Jamais n'avons-nous pas eu telle sterilité des nouvelles qu'à ceste heur, où la paix en Italie est faite2 et que les forces tant de France que d'Espagne y sont si foibles qu'on n'en peut esperer aucune action de consideration pour ceste année. Le prince Thomas ne fait rien encore horsmis les courses ordinaires,3 et les Espagnols remettent leur armée au possible pour empecher aux François l'invasion du Milanois et ont à ce qu'on dit 9 mille hommes. Le duc de Bouillon sera à present à Rome,4 d'où on escrit qu'il n'y recevra pas telle satisfaction qu'il se promet, et qu'en cas de rupture entre le pape et les colliguez le Marcheville sera lieutenant-general des armées de l'eglise romaine,5 qui n'a pas encore licentié tout à fait son armée, ny le gran[d]-duc et les Venetiens, jusques à ce que la paix soit executée. L'on confirme la surprise de trois regimens bavarois aupres de Heufinghen,6 qui servira d'emplastre à la desfaite de Catalogne.7
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Les affaires d'icy dependent de la diete de Bade,8 où il y a des nouvelles brouilleries entre les Petis Cantons et celuy-cy.9 Mais de tout cela et d'autres choses j'auray l'honneur de vous entretenir de bouche, faisant estat de partir d'icy, s'il plait à Dieu, la sepmaine qui vient. Cependant je donn[er]ay charge aux miens icy de vous faire avoir des nouvelles de deça chasque sepmaine et mon beau-frere Lattantio Paravicino di Capelli10 en aura soing, et s'il vous plairra de luy faire respondre par vostre secretaire pour communiquer ensemble durant mon absence, ce luy sera gran[de] faveur et je vous en supplie pour sçavoir icy l'estat des affaires de France et en faire part aux amys de deça. Il est temps, monsieur, que je pourvoy à mes affaires personellement, puisque tant de lettres n'ont rien operé, cela requerant la necessité de ma femme et de mes enfans.
Je me reccommande à l'honneur de vos bonnes graces et demeure, monsieur,
vostre serviteur tres humble,
C. Marin m.p.
De Zurig, ce 6/16 de Juin 1644.
On dit que l'empereur ne veut ratifier l'accord du chasteau de Hohetvil et que pour cela les Bavarois commencent à le reassieger.11 Dans peu nous en sçaurons la certitude.
Bovenaan de brief schreef Grotius: Rec. 1 Iulii.
En in dorso: 6 de Juin 1644 Marin.