1749. 1632 maart 5. Van H. Bignon.1

Monsieur Bignon dans sa lettre à monsieur Grotius du 5 Mars 1632:

Pour moy, comme c'est un honneur singulier d'avoir part en vos bonnes graces et qui est capable de me faire croire autre que je ne suis par la participation de vostre splendeur, j'estime que je vous suis en recompense un sujet de gloire, estant occasion de faire connoistre que vous obligez et affectionnez ceux qui ne le meritent pas; cela ne fait pas tort à vostre jugement, mais donne de l'admiration à cause de vostre bonté. Vostre livre de la Verité de la religion chrestienne2 en sera un monument perpetuel et j'oserai dire que pour condescendre à mon desir, ayant pris la peine de le donner au public, vous avez voulu que l'on m'en sceust quelque gré. Je suis rejouy qu'on en renouvelle l'edition et voudrois que cela vous invitast d'y adjouster encore quelque chose.3 Je ne sçay si vous approuveriez ce dont nous avons souvent parlé, qu'on y mist les preuves des autheurs payens, qui dans l'erreur ont servy de tesmoignage à la verité.

Mais j'oublie de vous remercier de l'exemplaire de vostre livre de Iure belli,4 qui est autant bien imprimé que le sujet le merite. J'apprens qu'un grand roy le tient tousjours devant luy5 et suis tres aise que cela soit, parce qu'il n'en peut arriver que du bien infiny, ce livre mettant la raison et la justice en une matiere qu'on croit ne consister qu'en confusion et injustice. Ceux qui se plairont en cette lecture y apprendront les vrayes maximes de la politique chrestienne, qui sont les fondements solides de tout gouvernement. Je l'ay releu avec un merveilleux plaisir.