Monsieur,
Je serois indigne de l'amitié que vous m'avez promise, si dans la rencontre
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de la lettre que monsieur le chancellier2 m'a prié de vous faire tenir, je n'y ajoutois celle-ci pour vous renouveller les assurances de mon très-humble service, duquel j'ai bien eû du déplaisir de ne vous avoir pû donner des preuves en attendant votre arrivée à Paris, où je crois que je ne vous eusse pas été tout-à-fait inutile pour y faciliter votre négociation.Par la dernière conférence que j'ai eue avec son Excellence, nous avons tellement avancé le traité de Bensfeld3, que je crois que la lettre ci-jointe4 vous lévera une grande partie des difficultés que vous y pourriez rencontrer, étant demeurés d'accorder ensemble sur tous les points en la sorte que vous verrez par le mémoire5 que je vous envoye semblable à celui que je fais tenir à monsieur Bouthilier6.
Les affaires générales ont tant de besoin de soutien pour arrêter le cours de la fortune de nos ennemis et raffermir nos alliés ébranlés, que je pense que nous ne sçaurions apporter trop de soin à nous bien réunir et lever tous les empêchemens qui se peuvent trouver.
Monsieur le chancellier m'a témoigné un extrême désir de trouver cette affaire faite à son arrivée auprès de Sa Majesté7, afin de n'avoir plus à lui parler et à monseigneur le cardinal8 que des choses utiles en commun, et où il n'y eût qu'à travailler de concert. Cela ne vous sera pas aussi un petit avantage, outre l'honneur d'être auteur d'une bonne union, que celui de n'avoir plus d'affaires en notre Cour dont vous ne puissiez conférer à coeur ouvert avec nos ministres, desquels vous êtes estimé et dont il n'y en a point qui ne voulût vous servir. Pour moi, monsieur, qui me sens des plus inutiles, je ne laisserai de rechercher avec passion les occasions de vous témoigner qu'il n'y en a pas qui soit plus que moi.