Monsieur,
Vostre lettre de l'onziesme Janvier2 escrite à Metz m'est venue fort bien aux mains estant en substance conforme à une lettre que j'avois receu cy-devant de monsieur le rhingrave Otto, vicedirecteur3, et à laquelle j'ay fait response il y a quelque temps.
Les mérites de sa personne et de toute vostre maison sont icy en grande considération, et messieurs les ministres du roy4 ausquels j'en ay parlé, m'ont asseuré que quand on traictera la paix on n'oubliera pas ce qui est de sa seureté et de son intérest.
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Touchant l'affaire du comte de Salms5, sur la remonstrance qui m'estoit faicte par lesdites lettres du sieur rijngrave Otto, j'en ay donné advis à monsieur le grand chancelier de Suède6, duquel en ayant quelque response je ne manqueray pas de le faire sçavoir audit S.r rijngrave ou à vous, monsieur. Je n'ay pas oublié aussi la recommendation du soing que sa maison, ses services et ses rares qualitez requièrent qu'on ait de son entretènement durant le temps que ses biens sont détenus par la partie adverse. Et n'ayant pas receu de monsieur le surintendant des finances7 une responce si favorable que j'eusse désiré, j'ay prié monsieur de Feuquières8 d'y vouloir contribuer son auctorité, ce qu'il a promis de faire. Et pourtant sera à propos que monsieur le rijngrave Otto et vous, monsieur, luy en faciez souvenir. Je ne manqueray pas d'y apporter tout ce qu'on pourroit apporter à un affaire qu'on a en recommendation.
Le traicté avec le duc Bernhard de Saxen Weimar pour l'entretènement de ses trouppes a esté fait sans que la couronne de Suède y ait estée meslée; et pourtant n'ay de cela aucune cognoissance particulière. Il ne reste, monsieur, que de vous prier de croire que je seray tousiours très désireux de faire paroistre la grande estime que je fay de vostre illustre maison et de vostre vertu et celle des vostres, priant Dieu, monsieur, qu'il vous conserve avec messieurs vos parens9 et remette en un estat d'un doux repos.
Vostre serviteur très humble.
A Paris, le 10 febvr. nou. styl. 1636.