2504. 1636 maart 10. Aan Ch. Marini1.

Monsieur,

Si tost que i'ay receu la [vostre] du 14 de Febvrier2, j'ay envoyé l'enclose à monseigneur le grand chancelier3, à qui aussi bien cette fois que souventes fois cy-devant j'ay faict les recommendations et de vous et de nostre affaire. Et ne doubte poinct que luy aiant depuis quelque temps esté en un lieu du repos n'ait donné ordre à voz nécessitez.

J'ay esprouvé durant le tracas (?) de monseigneur le grand chancelier les mesmes incommoditez que vous et une plus grande de l'ameusement qu'il m'a falu faire à mes despens au mesme temps que pour entretenir la suitte fort grande et la table j'estois obligé à desbourser tout ce que je pouvois trouver. Si mes affaires estoyent en aultre estat, je ne manquerois pas, monsieur, de vouz faire part de tout ce qui seroit en mon pouvoir.

Je sui marry d'entendre par vostre lettre la diversité qu'il y a entre les intentions de la France et des Grisons sur le faict de la Valteline et espère comme aussi quelques advis le portent, qu'on trouvera de l'accommodement.

Noz grands capitaines sont icy, le cardinal de la Valette4, le duc Bernhard de Weimaer5, le mareschal de la Force6, monsieur de Feuquière7, et consultent pour faire sortir les trouppes ennemies de la Champagne et de la Picardie, lesquelles ne sont pas si grandes ny tant avancées comme le premier bruist les avoit faict croire.

Le vent contraire nous empesche d'avoir des nouvelles certaines du costé de monseigneur le grand chancelier, mais les guazettes mettent noz Suédois bien avant dans la Misnie.

Le landgrave de Hessen-Cassel8 continue de tenir bon, entretenant fort bonne correspondence tant avecq monsieur le grand chancelier qu'avec les estats d'Hollande lesquels se sont déclaré aux amis et aux ennemis de ne vouloir faire de paix ou ni tresve que conioinctement avecq la France.

17

En suivant l'alliance faicte l'année précédente on cerche icy partout de l'argent et des gens et espèr[e]-t-on d'en trouver autant que sera nécessaire pour défendre la France et attaquer l'ennemi en Italie, Allemagne et au Pays-Bas.

Quand au grand seigneur9, je croy les advis des divers quartiers estre divers et pourtant il faudra tenir le jugement un peu en surcheance.

Les deux princes Palatins10 sont en Angleterre et le mariage du roy de Pouloigne11 avec leur seur12 s'advence.

Le temps se .... à nous produire et plus de nouvelles et de plus certaines.

Je désireray tousiours, monsieur, paroistre,

vostre serviteur très humble.

A Paris, le 10 de Mars 1636.