Monsieur,
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Lorsque j'eu l'honneur de recevoir vostre lettre de Vizelize2 j'avois avec moy monsieur Ponica3 qui estoit demeuré icy après le partement de monsieur le duc de Weimar4 pour se préparer au voyage d'Angleterre.
Comme ie l'avois prié souventesfois de me vouloir aider à recommander vos affaires et ceux de vostre maison très illustre en cette cour, ainsi m'a il tesmoigné d'y avoir contribué tout ce qui estoit de son crédit, qui n'est pas petit icy, et d'y vouloir continuer à quoy ie ne lairray pas de l'exciter et d'y coöpérer tant qu'il me sera possible.
J'ay envoyé, monsieur, la lettre qu'avez escrite à monsieur le grand chancellier5 à qui ie n'ay pas omis aussi de recommander tout ce qui peut servir à vostre contentement. Ledit grand chancellier et monsieur de St. Chaumont6 à la fin de Mars et commencement d'Avril estants à Wismar ont fait certaines conventions ensemble et nonobstant que sur certaines articles d'importance ils ont trouvé nécessaire de consulter réciproquement leurs principaux et prendre temps pour s'en donner mutuellement la résolution finale si est ce que cependant ils sont d'accord de la part des deux couronnes de ne faire aucune paix ny tresve ny surchéance d'armes plus longue que de quinze iours sinon ensemble et conioinctement. Si i'apprens quelque chose de la suitte de cecy ie ne manqueray pas, monsieur, de vous en donner advis.
Je croy qu'aurez entendu comment nos Suédois ont pris Minden sur le Weser, et secouru fort bravement Osnabrug, et qu'ils se renforcent tous les iours des gens, de vivres et d'amunition tant en la Saxen qu'en la Poméranie et aux pays voisins. Le roy de Danemarcq7 ne laisse pas de s'entremettre pour la paix, mais la Suède ne la veut que commune et seure et honneste.
Dieu nous la donne, monsieur, et vous conserve en pleine prospérité.
Vostre très humble serviteur.
Le 5 de juin n. st. 1636. A Paris.