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Monsieur,
Ayant receu l'enclose de monsieur le grand chancellier2 qui s'addresse à vous, ie n'ay pas voulu perdre de temps pour la vous envoyer.
Par la lettre que i'ay receu i'apprends que ledit S.r chancellier n'estoit pas encore passé en Suède: que beaucoup de raisons le convioyent d'y aller: mais d'autres plus grandes iusqu'asteure le retenoyent: qu'en Suède on avoit levé huict ou dix mille hommes, lesquels, selon que l'on iugeoit lors, doivent estre maintenant dans la Poméranie; que monsieur de St. Chaumont3, ambassadeur du roy, estoit allé vers monsieur le landgrave de Cassel4 pour le retenir en action par promesses et argent.
Sur vos affaires, monsieur, i'ay communiqué avec vostre agent5 et luy ay dict ce que s'est passé jusqu'asteure et quelle voye ie croyois qu'on pouvoit tenir pour vostre service, de quoy sans doubte il vous aura adverty, conformément aux lettres que ie vous avois escrit cy-devant6. Si vous jugez, monsieur, que pour le temps présent il y ait quelque autre chose à faire, n'aurez qu'à me le faire sçavoir. Le nom de Suède, ma peine et le crédit de mes amis ne vous manqueront en aucune chose, et vous supplie de croire, monsieur, que ie tiendray tousiours à honneur d'estre
vostre serviteur très humble et très obéissant.
A Paris, 19/29 Juin 1636.