Monsieur,
Je reçeus avanthier les lettres desquelles il vous a pleu m'honorer, datées du 18/28 de Juin, du 4/142 et du 5/15 de Juillet toutes par la main de gentilhomme envoyé icy du duc de Weimar3.
Quant à la lettre de monsieur le grand chancelier4, il est vray qu'on avoit oublié de la mettre dans le pacquet où elle estoit destinée. Mais m'en appercevant aussy tost i'envoyay incontinent au logis de monsieur le cardinal de La Valette5 pour l'adioindre à la mienne que i'avois desià envoyée. Si cette-cy est venue après le partement du messager, sans doubte elle vous viendra par le premier suivant.
J'ay conféré aussy quelques fois avecq monsieur Betz sur voz affaires ausquels ie ne manqueray iamais de contribuer tout ce que ie pourray de conseil et d'assistence, comme ledit Betz d'y apporter toute diligence possible, pas en vain comme i'espère, puis qu'on luy propose desià des expédients sur le faict de l'argent et que l'affaire de sauveguarde, autant que ie puis comprendre, n'aura pas de difficulté.
Monsieur le grand chancelier de Suède estoit encore à Stralsunt le X/XX de Juing, mais appellé par Mes.rs les régents6 pour se trouver en Suède et là représenter la constitution des affaires tant en ce qui concerne la guerre qu'en ce qui concerne la paix.
Pour la guerre ie comprens par les lettres de ladicte date que le mareschal Banier7 se tenoit à Werben et Marasini8 en la Poméranie ultérieure ne faisant pas grand chose comme aussy l'électeur de Saxen9 n'advançoit guères en son siège de Magdeburg.
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Monsieur le grand chancelier estoit convié par un agent d'Angliterre10 de vouloir continuer la guerre pour le restablissement des oppressez et principalement de la maison palatine; et par lettres de monsieur de St. Chaumont11 de vouloir disposer la Suède à une conférence sur la paix. Il a respondu selon sa coustume prudement, et promis à la France que luy mesme ou quelque autre qui sera envoyé de la part de Suède à cette conférence, ne manqueront pas de communiquer leurs conseils avecq la France, en espérant autant des François, et excite l'Angliterre à vouloir avoir soing de leur plus proches et tesmoigneur leur affection un peu plus que par des parolles; quant aux vostres tant à monsieur le grand chancelier qu'à monsieur de Muller12 ie ne manqueray pas de les faire tenir, et par toutes voyes qui me seront possibles, tesmoigner, monsieur, que ie suis
vostre serviteur très humble.
Le 14/24 Juillet MDCXXXVI.