Monseigneur,
La grande humanité que vostre Excellence fait paroistre en toutes ses actions excusera la hardiesse que ie prens de l'importuner par ceste-cy. Ce que i'espère d'autant plus, puisque ie ne le fais, que pour faire part à vostre Excellence de ce qui se passe à la diète présente2 et tesmoigner mon devoir que ie luy ay.
I'envoye cy-ioint à vostre Excellence les points3 qui se traitent à ceste diète. Mais puisque la pluspart des palatins ne sont encore arrivez, on n'a pas fait grand chose. Sinon que l'affaire de ceux de Danzig a esté disputée dans la chambre des mess. les députez de la noblesse.
A sçavoir ceux de Danzig avoit obtenu il y a quelque temps un privilège du roy4, que les dr(a)ps qui venoyent d'Angleterre ne pouvoyent estre débitées en Pologne, sans qu'ils fussent sellés du seau de la ville de Danzig. A quoy mess. les députez de la Litvanie s'opposent, mais l'affaire n'est pas encore vuidée. Il y a trois sepmaines que la diète s'est commencée et elle durera encore autant. Ie crois que quand touts les mess. palatins seront arrivez qu'on déliberera sur les autres points proposez.
On fait icy des préparatifs pour le mariage du roy, mais on ne sçait encore quelle sera l'espouse. On parle bien de la princesse d'Austriche5, mais il n'y a rien d'asseuré.
Ie ne manqueray pas, monseigneur, de vous advertir de tout ce qu'il se passera cy-après en la diète présente.
Cependant ie prie bien humblement vostre Excellence de croire qu'il n'y a personne au monde qui soit plus véritablement que moy, monseigneur,
de vostre Excellence
le très humble serviteur
Jasky mp.
De Varsau, le 12 de Février l'an 1637.