Monsieur,
Les vostres tant du 27. Novembre 1636, que 12 du Fevrier2 m'ont esté bien rendues, et ont augmentée l'obligation, que i'ay à vostre amitié.
192
Entre les poincts qui seront mis en délibération en vostre Diète3 il y en a d'importance. Quant au mariage, on espère icy que la fille du duc de Mantoue4, princesse bien faite et de grande vertu, sera préférée à d'autres qui vous pourroient apporter des querelles.
Cependant la cour icy est empeschée pour donner une bonne armée à monsieur le duc de Veimar5 et à voir si on peut attirer les Anglois à la guerre et à disputer la qualité au nouveau roy des romains6.
L'assemblée destinée à Cologne recule tant par les disputes sur la forme des passeports, que pource que la Suède n'y envoye pas, à cause qu'elle n'a pas esté requise ny par partie adverse ny par les médiateurs.
Monsieur d'Avau7 retourne en vos quartiers pour estraindre l'amitié entre la France et Pologne.
Aux Grisons ceux qui sont pour les traittez faicts cy-devant avecq la maison d'Austriche et contraires à la France s'estants rendus maistres de la ville de Coire, tâchent d'attirer les Suisses à leur party, à quoy le roy8 espère de pouvoir remédier, envoyant en ces quartiers soixante mille escus pour l'entretènement des régiments et des affections. L'Espagnol9 accoustumé à faire son profit des divisions attaque la Calteline du costé de Womo et du costé de Tirol et offre aux Grisons la souveraineté de la dicte Valteline tout'entière que les François en leur capitulations ont rogné, ostants aux Grisons l'administration de la justice et ne parlants point de bannir les protestants de la Valteline, ce que portent aussi les capitulations. If laut espérer, que le roy addoucira les conditions cy-devant arrestées, et par ce moyen se conservera les affections de ces peuples grandement ébranlées par la mauvaise conduicte des ministres de la France en ces quartiers, excepté le duc de Rohan10, qui s'est tousjours gouverné avec autant de prudence envers les amys que de courage envers les ennemys.
L'armée navale de France ayant faicte descente en Sardaigne sans aucun effet s'appreste à cett'heure à attaquer les isles de S. Honorat et Margarita dans la mer Méditerranée prises et détenues par les Espagnols.
Voilà ce que nous avons pour le présent, à quoy ie n'adjouteray autre chose que le désir, que i'ay de vous tesmoigner que ie suis, Monsieur,
Vostre serviteur très humble
H. de Groot.
A Paris, le 3. Avril 1637.