Monsieur,
J'ay reçeu la vostre du 13/23 du finissant2 et par icelle entendu le particulier soing que vous avez pour mes intérests.
A la vérité i'ay enduré tant de malheurs durant deux ans, que mons.r le gran chancelier3 devroit à ce qu'il me semble donner meilleur ordre pour le payement de mon gage qu'on me doit depuis 14 mois. I'ay despencé tout ce que i'ay eu sur moy attendant avec impatience le retour de susdit seig.r en Allemagne d'où il me permet envoyer ordres nécessaires de ce que i'ay à faire.
Le duc Bernard4 n'est pas encor en Alsace mais bien Shabeluky5, son commissaire général, avec quelques 6m hommes tant chevaux que piétons et il va tout à la longue avec ceste diversion qui aide fort peu le Suédois contre lesquels on envoye Gallas6 avec des forces bien puissantes Piccolomini7 ayant cependant à garder le Rhin. Nizze est prise dans le Monferrat, et on craint le mesme d'Able8 ou d'Asty vers où les ennemys tirent avec leur armée.
La diète de Bade9 dure encor; nous verrons ce qu'on y résoudra pour la Bourgogne que les François commencent à attaquer mais laissent le duc de Rhuan10 sans rien faire auprès de Genève le mettant soubs le prince de Condé11 avec lequel il ne se peut accorder.
Dieu assiste le siens et vous maintiene en bonne prospérité que vous souhaitte, monsieur,
Vostre serviteur très humble
Marin.
Zurig, ce dernier de Juin 1637.
386
Boven aan de brief Grotius: rec. 28 Iuly.
In dorso schreef Grotius: 31 (sic) Iuny 1637 Marin.