Monsieur,
Vous m'obligez grandement de la diligence de vostre correspondance, qui fait que ie reçois depuis quelque temps en ça que si par chasque ordinaire vos lettres dont les dernières ont esté du 11/21, 28 de Juillet et du 4 du présent2.
Ie suis fort marry que monsieur le gran chancelier3 est encor en Suède et qu'on n'envoye pas aucune responce au sieur Haga4 qui est si bien mérité de la couronne de Suède. Ce que i'ay derechef de luy vous le recevrez cy-ioinct avec un traitté contre la France5 vous priant pour la promte addresse de ceste despêche.
D'Italie nous avons la desfaite de mille chevaux Espagnols dont 400 sont demeurez sur la place et 200 prisonniers conforme ce que l'ambassadeur de France6 mande. Leghanes7 est fort fâché que la fuyte et les maladies ont pris telle voghe dans son armée qu'il l'a trové dominuée le 4 ou 5m hommes: ce nonobstant il a passé la Sesia vers le Vercellois où il s'astreint seulement aux courses et ravages par le pays sans se vouloir arrester à aucun siège d'une place forte.
Du passage du duc de Vemar8 par le Rhin à Veisveiler tout contre Renau, vous aurez desià entendu; il s'y fortifie aupre[s] de Capelen escarmouchant avec les gens du Vert9, dont il a battu desià trois ou 4 compagnies. Les impériaux en prenant gran alarme et est vraysemble que cela soulagera un peu nos Suédois qui sont en très bon estat auprès de Landsperg, l'électeur de Saxe10 demeurant fort fâché que tant d'armées n'ayent peu combattre une poignée de gens échappés à leur barbe. Dieu les face triompher de plus en plus et par leur moyen nous oltroyer une bonne et longue paix.
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Sur ce vous priant pour la continuation de vostre bonne affection ie demeure à iamais, monsieur,
Vostre serviteur très fidèl
Marin.
De Zurig, ce 10/20 d'Aoust 1637.
Boven aan de brief schreef Grotius: 2 Sept. Rec. 30 Augusti.
In dorso: 20 Aug. Marini.