Monsieur,
Vrayement l'estat de l'Allemagne est bien déplorable, et tel que le descrit vostre lettre du 6. d'Aoust2. Nous verrons si les assemblées d'Hambourg pour les protestans et de Cologne pour ceux de l'église romaine apporteront la fin de tant des misères. Le devoir de gens de bien est de souhaitter la paix, y contribuer ce qu'on peut et quoy qu'il arrive se contenter de ce que Dieu dispose.
Pour la Pologne nous avons bien appris que les troupes turquesques s'approchants du Danube avoient donné de l'ombrage à vos pays, mais aussi on nous a dit depuis, que les Turcs s'en sont excusez sur la nécessité de l'establissement du nouveau Tarter Chan3 et que punissants par la mort le fils du Cantemir4 ils ont monstré l'estime qu'ils faisoient du sang polonnois. Avec cela le renvoy honorable de l'envoyé du Pologne5 nous fait croire que la colère ottomanne se ruera plus tost sur la Mésopotanie que sur la Sarmatie. La reyne de Suède6, qui comme bonne parente a esté conviée aux nopces du roy de Pologne7 luy souhaitte une ferme paix avecq touts ses voisins.
La guerre dure icy. En Italie dit-on que les François prez d'Aste ont défait six mille ennemis. Le duc Bernhard8 a pris Molberg et Ettinheim et a bien battu les gens de Jean de Waert9 et d'Isolami10 près de Kinsinguen. Le mareschal de Chastillon assiège Dampvillers et le cardinal de la Vallette11 la Capelle. Tout
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cela va bien. En récompense de cela il y a un mal, que les Espagnols ayant fait descente prez de Narbonne ravagent le Languedoc; à quoy le roy12 et les villes de ces quartiers-là espèrent bientost opposer un bon remède composé de vingt mille hommes.Voilà ce que nous avons à cette heure et pour tousjours mes recommendations a voux et aux vostres.
Monsieur,
Vostre Serviteur de tres bon coeur
H. de Groot.
A Paris, le 26. de Septembre 1637.
Capelle est prise Dampvillers selon toute apparence le sera bientost.