Monsieur,
Vostre long silence me fait grandement désirer vos lettres pour avoir l'asseurance de la reddition de miennes que ie vous ay envoyées depuis quelque temps ençà quasiment chasque sepmaine. Il semble que tout le monde me veut abbandonner me laissant icy et sans argent et sans aucune correspondance.
En Italie les Espagnols ont esté dereschef bien estrillés par les François qui ayant attrappé don Martin2 avec quelque cinq mille hommes entre Asty et Verceil l'ont entièrement desfait, huict pièces de canon et tout le bagage pris.
Ce n'est pas aussy peu de chose que le duc Bernard3 conserve son passage par le Rhin non obstant tous les efforts de Jean de Vert4 lequel ayant voulu ces iours passés attaquer ses retranchemens de delà le Rhin en a esté repoussé avec perte de 800 hommes partie tués partie prisonniers. La cavallerie campe de deçà faute de fourage et cependant on envoye du renfort au Jean de Vert de tous costés pour faire desnicher les nostres à vive force. I'espère que le roy5 ne manquera aussy de seconder les siens pour maintenir ce passage libre qui donne tant tant de ialousie à nos ennemys.
Les Grisons6 sont partis pour Espagne d'où nous verrons quelle resolution7 ils comporteront.
C'est ce que nous avons pour le présent, sur quoy après vous avoir très humblement baisé les mains et reccomandé les encloses ie vous prie me croire tousjours, monsieur,
Tout le vostre
Marin.
De Zurig, ce 20/38 de 7bre 1637.
In dorso schreef Grotius: 20/30 Sept. 1637 Marini.