Monsieur,
Parmy mes afflictions qui de iour à aultre croissent par la ruine de la Voltoline et de nos biens qui y sont en friche ie m'estois tousiours consolé par vos lettres qui m'avont nourry en bonne espérance de reçevoir bientost quelque bonne nouvelle de Suède touchant le payement de mon gage, mais vos lettres me manquant depuis deux mois ençà et d'ailleurs ne reçevant rien, ie suis icy comme abandonné de tous, et si ie n'estoit que ma femme2 fera bientost ses couchées ie m'en irois jusques en Suède pour pourvoir à mes affaires, estant impossible que ie puisse continuer à entretenir le train d'un résidant sans estre payé depuis dix sept mois, surtout à présent où ie suis tout à fait ruiné. Il ne faut pas tant abandonner un ministre fidèle que le respect du prince mesme en reçoive aucune disréputation, en le
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laissant sans pouvoir s'entretenir dignement. Ce néantmoins ie me patienteray tant que ie pourray espérant qu'à la fin on aura escard à mes nécessités.I'en touche dereschef quelque mot au sieur Strasburg3 et à mon.r le gran chancelier4 vous suppliant luy envoyer l'enclose et m'en donner au moins récépissé pour estre asseuré de la reddition de mes lettres.
Pour des nouvelles vous sçaurez que le duc de Mantoue5 est mort et que le duc de Veimar6 estant renforcé de 3m hommes a pris Markelseim en Alsace et est pour faire de plus gran efforts contre Jean de Vert7 guérry de ses plages.
Nos Suédois en Poméranie doivent avoir secouru Anclam avec quelque perte des impériaux. Ce que les Grisons obtiendront en Espagne nous le verrons bientost.
Je vous baise les mains et après vous avoir prié pour la continuation de vostre correspondance ie demeure, monsieur,
Vostre serviteur
Marin.
De Zurig, ce 4/14 d'8bre 1637.
Boven aan de brief schreef Grotius: Rec. 4 Nov.
In dorso: 14 oct. 1637 Marini.