Monsieur,
Je dois responce à vos deux très aggréables du 10 et 17 de 9bre2 par lesquelles ie voy le soing particulier qu'avez de mes intérests que ie ne voudrois pas tant solliciter si l'extrémité ne m'y pousseroit pas, et pourtant veux croire que monsieur
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le gran chancelier3 y aura esgard ou faira ce qu'on doit faire en un temps où on ne peut fournir aux despences par tout, estant contre toute raison que moy qui suis tout à fait ruiné dans la Voltoline me ruine encor plus par les deutes que ie fais iournellement pour pouvoir dignement maintenir la charge publique en un lieu où il y a encor d'autres ministres et de France et d'Angleterre et de Venise4 qui observent tout.La diète de Baden est finie sans aucun effect digne de cognoissance hormis que tous les Suissez ont intercédé pour l'évesque de Basle5 envers le duc de Veimar6 et l'exhorté de ne toucher point les terres de la Suisse, moins l'offencer par les ravages de son armée, à quoy le duc ne respondit, que des complimens et des asseurances de la mécessité qui l'a porté là où il est, sans vouloir donner le moindre ombrage aux Suisses de son hostilité, comme désirant vivre avec eux en bon amy et voisin.
Les Suissez cattoliques continuent tousiours en leur mauvaise volonté contre les François, et ayant receu nouvelles pensions d'Espagne doivent faire au printemps des levées pour l'Italie aussy bien que les Grisons sans les 4m hommes qu'on lève en Allemagne pour le Milanois, de sorte que tant plus tout le monde trouve estrange la résolution de Vénétiens qué veulent casser la plus gran part de leur armée pour avoir asseurance de l'Espagnol7 qu'il ne les molestera point à causa de Mantoue, qu'il est content qu'ils tiennent jusques à la fin de ceste guerre, eteux pour espargner leur thrésor qui n'est pas si gran come on le publie se deschargent volontiers d'une despence excessive sans considérer bien avant les accidens à venir.
Dieu veuille que la Savoye ne s'accomode aussy avec l'Espagnol qui tâche de secourir l'Allemagne avec une partie de ses trouppes d'Italie. Mais i'espère que la France y obviera et ne donn[e]ra point occasion aux Suèdois de faire raisonablement ce que les autres font sans raison.
Ie vous baise les mains et demeure, monsieur,
Vostre serviteur
Marin.
De Zurig, ce dernier de 9bre st. v. 1637.
Les Suissez procurent aussy la neutralité pour la Bourgogne, mais i'espère qu'il ne l'obtiendront point pour beaucoup de raisons. On tient le duc de Virtemb.8 accordé avec l'empereur9 à qui il doit avoir promis Hohenvil en échange de 4 (?) baillages, ce qu'estant les Suisses sont bloqués de tous costez.
In dorso schreef Grotius: 31 (sic!) Nov. 1637 Marini.