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Monsieur,
Il y a huict jours que i'ay fait responce à vos lettres du 10 de 9bre2; celle est pour vous recommander les encloses à monsieur le gran chancelier3 et Strasburg4 solicitant l'envoy de l'argent dont i'ay grandement besoing en ceste saison où ma femme5 est sur le point de faire ses couchées qui me causeront d'autant plus grande la despence. Monsieur Muller6 ne me porte rien dont ie m'estonne et n'eusse pensé qu'on me deust abandonner en si grande nécessité où ie me trouve avec ma femme à cause de la révolution des Grisons. Il faut que i'aye patience en attendant meilleur temps.
Le résidant d'Angleterre7 publie icy des gran choses de son roy8 qu'il dit estre sur le point de déclarer la guerre à l'Espagnol9, et que la Suède sente retardé l'affaire pour ie ne sçay quelles difficultez de la religion reformée qu'elle ne voudroit pas qu'elle fut comprise dans la paix d'Allemagne, dont ie vous prie m'en esclaircir pour mon information et des autres.
Les Grisons recevront dereschef quelque 20m escu de l'Espagnol conforme leur alliance dont nous n'avons pas encor les vrays particularitez jusques au retour de leur ambassadeurs10.
Cependant on parachève à raser le fort de Mantell en Voltoline, celuy (?) de la Rive estant desià démoly et à l'Espagnol laissé ce passage libre tant pour Tyrol qu'aux Grisons lesquels il pourra tousiours brider quand ils ne voudront se ployer à sa volonté.
Les impériaux font de gran levées partout pour sortir au printemps avec un armée bien puissante contre les François en Italie et les Suédois en Poméranie s'ils ne se voudront pas accorder à une paix particulière avec l'empereur11 et ie crain qu'à la fin la longueur de ceste guerre ne nous harasse et la manquement de moyens ne contraigne une chacun à faire sa paix pour soy.
Je vous baise les mains et demeure, monsieur,
Tout le vostre
Marin.
De Zurig, ce 7/17 de Xbre 1637.
Adres: M.r Grotius.
In dorso schreef Grotius: Marin 17 Dec. 1637.
Boven aan de brief: Rec. IV Ian.