Monsieur,
Je suis bien aise que vous ayez veu une solemnité si magnifique, comme a esté celle des nopces du roy de Pologne2. Je m'estonne s'il n'y a eu aucun débat entre les gens de tant d'ambassadeurs.
Vous parlez d'une diète, mais vous scavez bien, que les diettes ne sont pas bonnes pour des corps attenuez.
J'ayme et honore le prince Radzivil3, et suis bien aise, qu'il a emporté la bague par dessus tant de courants.
Du costé du Turc4 peutestre, que le mal vous est plustost différé qu'osté; et pourtaut tous faites bien d'estre tousjours sur vos gardes, ce qui ne se peut faire sans donner contentement raisonnable à ceux qui défendent les frontières.
En récompense des guerres et de bruits des guerres ie vous donneray une nouvelle des lettres, que est, que le père Sirmond5. le plus lettré de Jésuistes, à l'aage de quatrevingt ans est fait confesseur du roy6. Je ne luy envie point
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cett'honneur scachant qu'il mérite d'avantage. Mais ie plains le bon Theodoret7, de qui il avoit entrepris une édition belle et enrichie de plusieurs pièces non veues, laquelle ie crains, que ne s'accroche à ce nouvel employ.On travaille icy à conclure nouvelle alliance avecq l'Hollande et à Hambourg avec la Suède et à la Haye avecq les Anglois s'ils veulent.
La gloire des François ayants chassé l'Espagnol de Guyenne, de Languedoc, des Isles de Provence, de la Bourgogne et de la Picardie a receue quelque flétrissement à la mauvaise défense du pont et forts sur le Rhin. L'armée du duc de Veimar8 continue se nourrir aux despens de l'évesché de Basle. Les Suisses en murmurent, mais on s'en soucie fort peu, voyant leurs divisions et perte de courage.
Dieu vous conserve longtemps avec touts ceux qui vous sont chers.
A Paris, le 26 Decembr. 1637.
Monsieur,
Le Vostre H. de Groot.