Monsieur,
Je vous ay advisé par ma précédante2 de la réception de la vostre avec celle du roy3, dont ie vous ay beaucoup d'obligation et souhaitte qu'elle puisse opérer quelque chose. Nos biens sont à Morbengno non pas guerre long de Fuentes, desgastez de l'un et l'autre party. Le reste est entre les mains de quelques rebelles, lesquels si monsieur le duc4 voudra forcer à la restitution de ce qu'ils ont pris injustement, ie pourrai avoir quelque chose. Mais i'en doute fort, les Valtelins rebelles estant plus protégés que ceux du bon party qui ont esté exulés plus de 15 ans. Monsieur le duc a les mains liées et ne peut faire ce qu'il veut. J'employeray néantmois toutes mes forces et faveurs des amys à recouvrer quelque chose et vous adviseray au mois d' 8bre on 9bre du succez.
Cependant ie vous supplie très humblement de faire tenir celle-cy à Son Ex.ce5 par Hamburg ou quelque autre voye le plus asseurée à monsieur le résidant
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Mukel6 doutant que ie pourra[i] guère poster mes lettres par l'Allemagne à cause des impériaux7.On me laisse icy sans l'argent ne pouvant n'en avoir ny de Strasburg ny de Mayence, où on m'a donné l'assignation, à quoy ie voudrois que Son Ex.ce pourveust, car dans ceste cherté et parmy les François il faut que ie face des gran dispances sur 4 personnes et 3 chevaux.
Créqui8 est entré dans le milanois et y fait des bons progrez nous faisant icy tant plus asseurés, car depuis les déchassement des impériaux de la Voltoline nous sentons qu'il[s] ve[u]illent retourner pour nous attaquer cest automne, les Espagnols estant partys vers Milan pour la garder et les impérialistes pour l'Allemagne d'où nous entendons que le duc de Veimar9 y fait remuer ménage aussy bien que Banner10 et Luneburg11 dans la Basse Saxe.
Si vous avez quelque chose des affaires de Poulogne, si elle a accordé les tresves aux Suédois12, ie vous prie de m'en faire part pour la communiquer aux bons amys qui en sont désireux.
Il est venu un renfort à monseigneur le duc de 3m François et en viendra d'advantage, les Suisses aussy ont octroyé la levée de 12m piétons qu'on doit envoyer en France. Cela fait affermer nostre estat icy, et si les impériaux ne font rien contre nous cest' automne, les passages des montagnes estant remplis de la neige, on poussera asseurement dans le milanois du costé de Fuentes et de Como. Dont ie ne manqueray pas de vous adviser et faire paroistre en toutes occasions que ie suis très passionnément, monsieur, Vostre très humble et redevable serviteur
Marini.
De Chiavenne, ce 5 de 7bre St. N. 1635.
Je vous supplie de recommander celle pour Danzig à monsieur Pölz13 à Amsterdam ou à quelque autre amy affidé m'important grandement qu'elle y arrive.
P.S. Je vien[s] de recevoir vos très aggréables du 31 de Juillet14 et de 14 d'Aoust15, vous remerciant très humblement de la souvenance qu'avez d'un ministre si esloigné de la communication avec monsieur le gran chancelier16, auquel ie vous prie de faire tenir l'encloses par quelque promte addresse.
Les Grisons tiennent un' assemblée pour la restitution de la Voltoline, mais d'autre costé les François veulent qu'ils s'abstienent de tous traittez avec les Austrichiens au préjudice de la Couronne de F., l'ayant desià commencé après la
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prise de Bormio par les impériaux, dont ils avoyent peur et se vouloyent accomoder comme un récepte fort variable, et adonné trop à l'intérest avec le plus fort. Mais par nos victoires ils sont un peu retenus et font estat de s'alli(e)r plus estroitement avec les Vénétiens. Les Suisses mandent 12m hommes au roy ceux de Zürig estant desià partis. Ce que suivra de plus ie vous en adviseray comme celuy qui vous ayme et honore cordialement, monsieur, Vostre serviteur très humbleMarini.
De Chiavenne, ce 7 de 7bre 1635.
In dorso schreef Grotius: 7 Sept. 1635 Marini.
En onder aan de brief: Rec. 10 Oct. st. n.