Monsieur,
Je vous envoye derechef une lettre pour mon.r le gran chancelier2 qui m'ayant donné ordre de luy escrire le plus souvent qu'il se peut faire.
Ie n'y manque iamais, encor que ie voy qu'on se souvient peu de ma nécessité qui me presse plus que ie n'oserois pas escrire. C'est aussy la cause que ie suis résolu de me mettre en chemin à l'entrée du 7bre ou 8bre, si cependant il ne m'arrive aucun ordre ou argent qui me manque depuis tant de temps. Est-il un (?) tel cas s'il vous plairra de me commander quelque chose chez susdit monseign.r le gran chancelier ie m'en chargeray fort volontiers, n'ayant autre desseing que de vous complaire et servir en tout ce qui me sera possible.
Du Milan nous avons que les François ont desfait mille (?) de pied et 500 chevaux Espagnols qui estoyent entrés dans le Piedmont pour divertir le duc de Savoye3, et que 800 chevaux venants de Naples se sont submergez dans la mer.
D'icy ie ne puis escrire que l'accroissement des misères de nostre armée qui estant logée justement en lieux où nos biens sont, vous pouvez bien juger en quel estat que nous sommes, le soldat vivant sur le bon homme, quand il ne tire la paye de son prince oultre que la peste fait retirer tous les paysans dans des montagnes et laisser les champs en abbandon.
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Pleust à Dien que monseig.r le gran chancelier considerast ces choses sans doute qu'il m'assisteroit mieux qu'il ne fait pas.
Sed quod mutari non potest, ferendum est patienter4.
Je demeure, monsieur,
Vostre serviteur très humble
Marini.
De Chiavenne, ce 17/27 de Juillet 1636.
Adres: A Monsieur Monsieur Grotius à Paris.
Boven aan de brief schreef Grotius: rec. 12 Aug. n. st.
In dorso: 17/27 Iuly 1636 Marin. Après celle de receu 30.5.