Monsieur,
Je vous envoye icy deux lettres pour monsieur le gran chancelier2 et le sieur Strasburg3 l'un et l'autre suppliant pour le payement de mon gage qu'on me doit de tant de temps, et vous supplie aussy d'y contribuer vostre possible. Dieu m'est tesmoin en quelle nécessité ie suis icy, et néantmoins on veut que ie continueray la résidance sans l'argent. Ma femme4 s'est accouchée d'une fille5 de sorte que la despance me croit de iour à aultre sans avoir aucun subside de monsieur le gran chancelier vers lequel il faudra à la fin que ie m'en aille.
Icy continuent les misères et la maladie de monsieur le duc6 qui pourtant ne peut agir come il voudroit.
Au Milanois les François se renforcent, mais pour cest'année ils ne feront guerre les Espagnols estant ores forts de 17m de pied et 6m chevaux, à ce qu'on escrit d'Italie.
L'on a finalement amené du Venétien 6 pièces du canon qui seront mis dans le fort de Mantel, mais si on ne donne satisfaction aux Grisons ny cela ny aucune autre chose garantira les François du naufrage en ce pays où ils sont tant hays et les Austrichiens en tireront leur proufit.
Je demeure de tout mon coeur, monsieur,
Vostre serviteur très humble
C. Marini.
Je vous prie de m'adviser de la réception de celles que ie vous ay envoyées ces mois de Juillet et d'Aoust n'ayant depuis la vostre de 14 de Juin rien receu de vous ils faut envoyer vos lettres à Coire.
De Chiavenne, ce 8 de 7bre st. n. 1636.
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Adres: A M.r Grotius.
In dorso schreef Grotius: 8 Sept. 1636 Marin
en: Publicz 23 Aug./2 Sept. Sprecher 9/19 Augusti.
Boven aan de brief: rec. 16 sept.