Monsieur,
Je suis très marry de ce que voz lettres dont la dernière est du 20e sept.2 ie n'ay rien à vous mander en contrechange estant arrivé asteure, ce qui commence à estre fort ordinaire, qu'en plusieurs sepmaines le messager venant de Calais ne nous a rien apporté de l'Hollande et par conséquent rien aussy de Poméranie et de Suède. La cause est pour ce qu'il n'y a poinct des barques establies pour passer et repasser la mer à quoy il faudra travailler à bon escient pour porter remède à ce désordre. Cependant toutes les vostres à M.r le grand chancelier3 et mesme la dernière sont bien addressées et ie voy par expérience que les lettres vont mieux vers ces quartiers que vers vous.
M.r Betz4 ne laisse pas d'user de toute diligence en voz affaires, mais a rencontré un temps et des gens fascheux. Je voudrois que l'authorité de la couronne de Suède fust assez grande pour pouvoir apporter poix à l'avancement des dicts affaires comme l'affection de touts ceux qui la servent ne nous manque pas et ne nous manquera iamais. Mais ce qui me fasche en la sollicitation de ce qui nous est deu en vertu des traittez nous trouvons des mesmes rencontres qu'aux affaires des amis de la couronne, dont vous, mon.sr et toute vostre maison très illustre serez tousiours tenus les premiers. Pour tout cela il ne fault pas perdre espérance, mais continuer aux iustes poursuittes.
Le voyage qu'on avoit proposé de faire par une armée dans le Pays-Bas n'a pas esté trouvé bien faisable en cette saison et grande disette des vivres. Par faulte de canon on a perdu les dehors qu'on avoit pris sur les ennemis deça la Somme devant
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Corbie. Et ie ne diray pas si c'est par faulte ou malheur que la quartier du baron de Degevelt5 a esté supris par l'ennemy et dévalisé, le mesme baron et le jeune prince de Wirtemberg6 s'estant sauvez à peine. C'estoit au chemin vers Dorlans aux lesquels lieux et de là au Boulonnois l'ennemy e[s]t assez fort et fait des grands ravages.Si tost que quelque bonne fortune et vent d'ost nous portera des nouvelles du prince d'Orange7 et de noz armées Suédoises vous en serez le premier servy.
Cependant Dieu, monsieur, vous conserve en bonne disposition et prospérité.
Vostre serviteur très humble et très obéissant.
A Paris, le 10e d'oct. n. st. 1636.