Monsieur,
J'ai enfin mis en lumière la traduction Françoise de vostre livre de la vérité de la religion Chrestienne2 en ayant trouvé la commodité en ceste ville où je me suis retiré depuis quelque temps, laquelle j'avois cherché en vain à Paris.
A la verité il s'en faut beaucoup qu'elle ne responde à l'élégance du latin auquel vous l'aves composé. Mais toutesfois je m'asseure que ceux qui n'entendent pas ceste langue me sauront gré de leur avoir communiqué un thrésor qui auparavant leur demeuroit inutile. Car les matières en sont si excellentes et leur en peut revenir une si grande utilité qu'ils ne s'arresteront point à l'escorce des mots esquels je vous fai parler. Si vos plus importantes occupations vous eussent permis d'y mettre vous mesmes la main vous l'eussies donné meilleur au public. Vous en supporteres s'il vous plaist les défauts. Car tout tel qu'il est je ne doute point qu'il ne puisse apporter un grand fruit en un siècle fourmillant de gens qui sentent mal du christianisme et ayant besoin, si jamais aucun autre, de telles instructions.
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Je vous en envoye un exemplaire sortant tout fraischement de la presse, lequel je vous prie de recevoir en bonne part, comme venant d'une personne qui honore les dons desquels Dieu vous a enrichi, et qui ne désire rien plus que de vous pouvoir tesmoigner qu'il est en sincerité, monsieur,
Vostre très humble et très affectionné serviteur
De Courcelles.
A Amsterdam le 5 de Novemb. 1636.
Adres: A Monsieur Monsieur Grotius, Ambassadeur de la Couronne de Suède près de sa Majesté très chrestienne. A Paris.
In dorso schreef Grotius: 5 Nov. 1636 Corselle.