Monsieur,
Je vous remercie des advis qu'il vous a pleu me donner par vos lettres du 8/18 Novembris2. Celles à monsieur le grand chancelier3 et à monsieur Muller4 iront avecq le premier ordinaire m'estant arrivées après le dernier envoy que i'aye faict.
La cour et la ville se resiouyssent icy à cause de l'espérance qu'ils ont de avoir bientost icy monsieur le duc de Weimar5.
La retraicte inopinée de monsieur le frère du roy6 et de monsieur le comte7
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avoit faict parler icy diversement comme il arrive en des telles occurrences, mais on se rasseure voyant que la peur causée des soupçons les avoit ietté dans une telle résolution et n'on[t] pas aucun desseing de remuer, de quoy ils ont faict donner des asseurances au roy très content tousiours des heureux succez tant en vos qu'en noz quartiers et mettant ordre pour le nettoyement de la Guyenne et recouvrement des isles8.Cependant le temps de l'assemblée à Coulogne s'advance, le cardinal Ginetti9 estant sur le lieu et y attendant ceux de l'empereur10, du roy de France11 et du roy d'Espagne12.
Nous avons icy deux fils de monsieur le landgrave de Cassel13 lesquels estants passé par l'Angleterre y ont receu des grandes promesses pour sauver soit par guerre, soit par paix les intérest de monsieur leur père. Entre ce royaume-là et la France on travaille encore pour adiuster les articles d'un bon traitté.
Les vents et le mauvais ordre sur le passage de mer nous empeschent depuis quelque temps d'avoir des nouvelles du costé de Suède, Poméranie et mesmes d'Hollande lesquelles autrement ie ne manquerois d'adiouster à celle-cy.
Pourtant, monsieur, ie finiray demeurant vostre très humble et très obéyssant serviteur.
Le 2 déc. nouveau style, 1636 à Paris.